vendredi 29 juillet 2011

Se faire traiter d’étranger dans son propre pays

c'est peut-être le pire du pire de la xénophobie. Et pourtant, tout le monde feint consciensieusement de l'ignorer. 

Pourquoi ? Parce qu’en temps de crise, l’hypocrisie sociale est une valeur refuge bien appréciable. On a déjà fort à faire avec ses soucis personnels, alors se préoccuper de ceux des autres, non merci.

On ferme les yeux et on attend que ça passe.

Mais pendant ce temps là, c’est MOI qui fais les frais du racisme ordinaire.

Ce matin, comme tous les matins, j’ai pris la ligne 6 qui était une fois de plus surbondée à la suite d’un énième problème de signalisation (apparemment, la signalisation, c’est vraiment quelque chose de très très précaire à la RATP).

J’étais coincée contre la porte, contrainte de fermer mon livre par manque d’espace, et bien obligée de prêter attention à ce qui se passait autour de moi.

Et il y avait justement un intéressant énergumène qui avait généreusement décidé d’animer un peu l’atmosphère jusque là un tantinet éteinte du wagon, en se lançant dès potron minet dans une diatribe enflammée destinée à réveiller son bourgeois :

« Evidemment, il n’y a pas une personne ici pour me donner ne serait-ce que un centime » (ton accusateur, un chouïa agressif).

De quoi mettre tout le monde à l’aise.

Et puis, après avoir remonté tout le wagon en moitié moins de temps qu’il n’en faut en principe par une pareille affluence, parce que tout le monde s’écartait soigneusement sur son passage - personne ne souhaitait tellement commencer la journée par un méchant coup de canif - , il s’est bien sûr arrêté juste à côté de moi, contre la porte, pour préparer sa descente à la prochaine station.

Et là, il a poursuivi :

« Et puis en ce moment, il y a plein de gens qui ne parlent même pas français : des Américains, des Anglais… » (ton dégoûté)

Un coup d’oeil vers moi et mes cheveux blonds, et il a enchaîné :

« … des Polonais, des Russes… » (ton re-dégoûté)

Voilà. On a beau habiter en FRANCE depuis X générations, avoir fait son possible pour s’insérer dans la société, lire Molière dans le texte et payer ses impôts, il y a toujours quelqu’un pour vous soupçonner d’être un sale touriste étranger radin, juste bon à polluer le Champ de Mars et à se faire prendre en photo devant la Joconde

Et tout ça à cause d’une bête histoire de couleur de cheveux.

Ce qui est certain, c’est que ça ne va pas m’aider dans ma quête identitaire…

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