mardi 4 octobre 2011

Merci pour les petites cuillères (et la pince à sucre)

S'il y a une chose que mes parents ont eu à cœur de m'apprendre dans la vie, c'est de savoir dire "merci". 

 

Ca n'a l'air de rien comme ça, mais en fait, comme personne ne naît avec ce mot-là à la bouche (aussi parce qu'en général le nourrisson ne sait pas parler), la maîtrise du remerciement nécessite un long et pénible apprentissage.

 

"DIS MERCI au pédophile à la coiffeuse pour le bonbon", "DIS MERCI à l'Oncle Joey pour le pin's mochissime offert avec son paquet de cordons bleus Lidl", "DIS MERCI à Tatie Flo d'avoir récupéré la cagoule que tu avais discrètement tenté de jeter à la poubelle""DIS MERCI à maman de prendre de son temps pour te faire faire des dictées supplémentaires le soir après l'école pendant que les autres enfants s'amusent", etc. 

 

Et puis, un beau jour, on finit par acquérir le réflexe.

 

Le "merci" arrive sans crier gare : sans même qu'on s'en aperçoive, il est déjà là. 

 

"MERCI patron d'avoir pris le temps de m'expliquer un truc que je n'avais pas compris parce que tu me l'avais mal expliqué", "MERCI la dame de la mairie de m'avoir laissé faire 3 heures de queue pour me dire que maintenant il faut un extrait d'acte de naissance en plus de la carte d'identité pour renouveler son passeport", "MERCI le monsieur de chez France Telecom d'être passé le matin, en mon absence, alors qu'il était convenu que vous passeriez l'après-midi pendant ma demi journée de congé", etc.

 

Mais là, un gros dilemme (avec 2 "M" s'il vous plaît, MERCI bien) se pose à moi : "merci" ou pas "merci" ??!

 

J'ai tout dernièrement reçu trois petites cuillères en argent, envoyées par ma Grand-Mère à titre de "souvenir de famille".

 

Il faut dire qu'elles sont gravées aux initiales de feu l'Oncle Bachills, et que sa femme, Tante Cézanne (dont vous pouvez toujours contempler le buste sculpté au musée de Grenoble si cela vous chante), qui s'était fait remarquer en son temps pour son absence totale de scrupules à être entretenue par une foule d'hommes autres que son mari, s'en est sans doute servie pour mélanger du sucre à son café.

 

Comprenez : ces 3 petites cuillères, c'est un peu le vestige de l'honneur (???) perdu de la famille.


cuillères

 

Etant donné :

- le passif de cette dame,

- le nombre restreint des petites cuillère en question,

- leur état douteux,

- leur manque total d'harmonie avec mes tasses low cost de chez Maisons du monde,

- le désintérêt relatif de ma grand-mère à mon égard,


suis-je donc vraiment tenue de REMERCIER ? 

3 commentaires:

  1. Ne me remercie pas ma chérie, c'est de bon cœur, et ça me fait plaisir de savoir entre tes mains les trois petites cuillers de tante Cézanne.

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  2. En tout cas, merci pour cet article très amusant !

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  3. J'ai bien peur que non, hélas... !!

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