mardi 24 janvier 2012

Qui a peur du Père Noël ?

 

Il fut une époque - assez lointaine aujourd'hui - où je portais des robes à volants, des bottes en caoutchouc rouges, des couettes de chaque côté du visage et des bijoux en plastique rose ornés de faux diamants (mon côté bling-bling). 

 

J'avais peut-être 4 ou 5 ans et je croyais alors dur comme fer qu'il existait quelque part en ce monde un être suffisamment grand et noble pour préparer chaque année, spécialement à mon intention, tout un assortiment de cadeaux qu'il venait déposer, à des billions de kilomètres de chez lui, le 24 décembre à minuit, au pied du sapin de mes grands-parents.

 

Cet être merveilleux, c'était bien évidemment le Père Noël

 

J'ai compris par la suite, qu'en fait, il n'existait personne au monde de suffisamment désintéressé pour passer chez vous à l'improviste, un soir de l'année, laisser de somptueux cadeaux (Ipads, sacs Lancel, voitures Mini, cartes bleues à crédit illimité...) et repartir sans attendre un merci

 

Même pas le Père Noël

 

Vous comprendrez mieux, dorénavant, la cause de mes crises d'angoisse quotidiennes et de mes tentatives de suicide hebdomadaires. 

 

Plus on est monté haut, plus la chute fait mal.

 

Et moi, j'étais montée très haut...

 

Pour autant, je ne m'en suis jamais voulu de ne pas avoir découvert plus tôt la triste réalité, à savoir qu'en fait, les cadeaux que je recevais à Noël venaient de ma famille.

 

Tous les faux-semblants avaient été réunis pour m'égarer. 

 

Le Père Noël, à chaque fois que je l'avais croisé, que ce soit à la cantine de mon école, dans mon club de danse junior, ou même dans la galerie marchande de mon Maxicoop, avait toujours consciencieusement ménagé les apparences. 

 

Alors même que j'aurais préféré récupérer ma papillote et ma clémentine sans avoir à l'approcher de trop près - il me faisait quand même un peu peur avec sa grande tenue rouge, sa barbe blanche et sa grosse voix grave -, il y avait immanquablement un moment où il me faisait venir auprès de lui pour me demander comment je m'appelais (Ginger), quel âge j'avais (5 ans), si j'avais été sage (eh oh, c'est personnel), avant de me promettre moult cadeaux pour bientôt. 

 

Quand j'ai découvert par la suite qu'en fait, le soir de Noël, il restait bien gentiment les bras croisés, dans son rocking chair, à regarder Michel Drucker, je me suis promis, la prochaine fois que je le verrai, de lui toucher deux mots de son comportement. 

 

Malheureusement, à partir de ce moment là, j'ai cessé de le croiser...

 

J'avais beau, chaque mois de décembre de chaque nouvelle année, explorer les couloirs de mon collège, fouiller les vestiaires des salles de sport de mon lycée, parcourir les amphis de ma fac à sa recherche, je ne suis plus jamais retombée nez-à-nez avec lui.

 

Et c'est finalement hier, qu'attablée dans un excellent restaurant en compagnie de mes parents, je l'ai vu tout à coup débouler au son d'un Petit Papa Noël remixé version Lorie (au secours), aller saluer les petits enfants, se faire photographier à leurs côtés, tout ça en se gardant visiblement bien de leur révéler que non, ce ne serait pas lui qui passerait le 24 décembre.

 

Évidemment, mon sang n'a fait qu'un tour.

 

J'ai commencé à me lever pour aller lui faire part de toute l'indignation que son comportement avait suscité en moi depuis tant d'années.

 

Et puis, en le regardant plus attentivement, ce n'est pas que, tout à coup, je me sois trouvée replongée à l'époque de mes 5 ans, effrayée par sa grande tenue rouge, sa barbe blanche, et sa grosse voix grave, mais je me suis dit qu'après tout, il y avait peut-être prescription. 

 

Quand j'ai entendu, juste après, son rire tonitruant secouer littéralement tout le restaurant, j'en ai été alors tout à fait convaincue. 

 

L'heure n'était plus au Père Noël, pour moi. 

 

Elle était à ma crêpe aux pommes confites flambée au calvados.

 

sapin.jpeg

Noyeux Joël à tous ! 

5 commentaires:

  1. Bonnes fêtes Ginger! Je suis contente que tu aies su prendre sur toi malgré tout.

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  2. Chaque chose en son temps ! Joyeux Noël Ginger !

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  3. Moi ce qui me fait peur c'est plutôt les cloches de Pâques. Joyeux Noël Ginger !

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  4. En attendant, le Père Noël court toujours...

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  5. C'est bien vrai Stiop ! Maintenant que les fêtes sont passées, je vais aller réfléchir à l'histoire du marchand de sable...

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