mardi 10 janvier 2012

Toujours imaginer le pire

 

Cela fait des années que j’entends dire un peu partout qu’il vaut mieux regarder le verre à moitié plein que celui à moitié vide.

 

Notez qu’il faut déjà que le verre soit rempli à moitié...

 

Ceci-dit, d’une certaine façon, le verre est toujours rempli à moitié !

 

Cas concret avec Roger, 43 ans, 5 enfants en bas âge, 1 épouse dévouée, en phase terminale de cancer à l’hôpital Lariboisière de Paris.

 

Roger se lamentant : Je suis trop jeune pour mourir… 

 

Georges, meilleur ami de Roger, d’un ton soutenu : Roger, reprends-toi ! Tu es peut-être en phase terminale de cancer, mais regarde, ça n’empêche pas qu’aujourd’hui, à 12h40 tu es encore en vie, alors qu’il y a sans doute, à l’autre bout du monde, un type qui était en pleine santé à 12h39 et qui vient de casser sa pipe à l’instant dans un bête accident de la circulation, sans même avoir eu le temps de dire au revoir aux gens qu’il aimait !

 

Roger se lamentant encore et toujours (pénible ce Roger) : Oui, mais que va devenir ma famille sans moi…

 

Georges, meilleur ami de Roger, d’un ton re-soutenu : Allons, Roger, on ne voit plus personne mourir de faim en France actuellement ! Il y a plein d’aides sociales et puis, qui sait, ta femme va peut-être se remarier très vite avec un homme qui pourra entretenir toute ta petite famille, lui

 

Roger ragaillardi par son chouette ami Georges (c’est fait pour ça les amis) : Merci Georges, tu es un vrai ami, j’ai vraiment beaucoup beaucoup beaucoup de chance de t’avoir !

 

12h41 : dernier soupir de Roger qui nage en plein bonheur. Le dialogue entre les deux amis s’arrête là.


Pour être heureux, on le voit, mieux vaut regarder le bon côté des choses.

 

Oui, seulement, ce précepte n’est pas transposable en toute occasion.

 

Socialement, par exemple, lorsque vous n’êtes pas encore au courant de tous les tenants et aboutissants d’une situation, je ne saurais que trop vous recommander de l’envisager sous l’angle le plus dramatique. 

 

Pourquoi ?

 

Parce qu’à défaut, vous pouvez l'interpréter de façon erronée et commettre, par la même occasion, un impair oscillant, sur l’échelle de la gravité, entre assez grave (amitié irrémédiablement compromise) et vraiment très grave (haine mortelle accompagnée de pulsions de meurtre).

 

Je ne vous parlerai pas ici de l’une des photos que m’avait montrées mon amie Arty pour me faire voir l’avancement des travaux de construction de sa maison, sur laquelle apparaissait, au premier plan, un homme d’une cinquantaine d’années, plutôt assez bedonnant et dénué, à première vue, du moindre gramme de ce qu’il est convenu d’appeler sex appeal.

 

Ginger essayant de faire de l'esprit : Bah alors, Arty, qu’est-ce qu’il te prend de photographier comme ça des ouvriers du chantier ?! Il est pas mal, mais bon…

 

Arty faisant semblant de ne pas avoir entendu : Donc, là, mon beau-père devant la maison…

 

Ginger très naturelle, concentrée sur l’arrière-plan : Ah oui, on voit que les travaux avancent, dis donc !

 

Non, non, je ne vous parlerai pas de cette histoire, je n’aime définitivement pas auto-illustrer mes articles, c'est bien trop égocentrique surtout lorsque ça ne me met pas vraiment en valeur

 

Je préfère donc vous faire le récit d'une autre histoire qui met en scène, cette fois, des personnes qui me sont totalement extérieures.

 

Tout part d’un beau jour de novembre 1985 où mon amie Djane naquît dans un petit berceau d’osier (et oui, comme Moïse).

 

Transportons-nous 27 ans plus tard.

 

Nous voilà en novembre 2012 avec une Djane qui n’a plus grand choses à voir avec un  nourrisson dans un petit berceau d’osier, en train d’organiser sa soirée d’anniversaire via facebook, ère du progrès et de la modernité oblige.

 

La date est notée, je réponds présent à l’event et je sors déjà ma plus belle paire de chaussures pour ne pas risquer d'être prise de court.

 

Et puis, un beau matin, je constate une mise à jour sur l’event Anniversaire de Djannou informant l’ensemble de ses invités du report de la soirée pour une raison indépendante de sa volonté (voir détail plus bas).

 

Que me dis-je ? Bizarre, bizarre, on annule rarement sa propre soirée, surtout lorsqu’une trentaine de personnes au bas mot ont fait part de leur participation.

 

Que fais-je ? J’envoie un texto à Djane pour lui demander Eh oh Djane, tout va bien ? J’ai vu que tu annulais ta soirée, que pasa ? Rien de grave j’espère ! Kiss & love


Mais tout le monde n’a pas la même inspiration (de génie).

 

Neuf de ses invités – tous du sexe masculin, soit dit en passant, mais je n'en tire aucune conclusion – se sont lancés dans des commentaires potaches du style, pour ne citer que les meilleurs d'entre eux :

 

- Scandaleux..................

 

- REMBOURSEZ !!!!!!!!!!!

 

- Tssssss.......... C'est quoi cette arnaque !

 

 

Djane ne leur a pas répondu. 

 

Par contre, elle a répondu à mon texto en m'expliquant qu’elle venait de perdre son grand père et que son enterrement à l’autre bout de la France tombait pile poil à la date de sa soirée…

 

Quand je vous dis qu'il faut toujours envisager le pire ! 

 

fbk2

Merci quand même aux 9 boulets qui ont si bien animé le mur !

7 commentaires:

  1. Always look on the bright side of life....

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  2. Etant une grosse spécialiste des bourdes involontaires, j'ai appris à flairer les situations potentielles, et là pour le coup j'y serai pas allée de mon commentaire... Mais bon des années de pratique!

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  3. Moïse n'est pas né dans un panier. Il y a été placé après sa naissance. C'est parfois dur de ne pas gaffer...

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  4. C'est presque coordonné à ce niveau-là !

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  5. Si besoin, j'ai un spécialiste de la boulette à la maison ! Du même coup, je suis une spécialiste rattrape-boulette...

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  6. ça fait chaud au cœur, ces démonstrations d'amitié dans des moments si difficiles. De toute façon c'est dans la peine que l'on voit qui sont ses vrais amis, non ?

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  7. C'est ça, toujours miser petit, c'est plus secure. 

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