samedi 3 mars 2012

... Tu fais quoi ce soir ?

On ne vous l'a jamais posée à vous, cette question piège ? 

 

Elle ou l'une de ses nombreuses variantes d'ailleurs...

 

... Tu fais quoi samedi après-midi ? 

... Tu fais quoi pour le week-end de l'Ascension ? 

... Tu fais quoi pour les vacances en août ? 

 

La première fois, on ne se méfie pas vraiment. 

 

Encore naïf, franc et légèrement inconscient, touché de voir son interlocuteur s'intéresser d'aussi près au programme de sa soirée / son samedi après-midi / son week-end de l'Ascension / ses vacances en août, on se retrouve à répondre tranquilement... la vérité !

 

Ce qui peut le cas échéant donner ceci (ou quelque chose d'approchant) : 

 

... Bah, rien de spécial, en fait. 

 

Le genre de réponse que vous faites une fois mais pas deux !

 

Lorsque vous comprenez tout à coup que votre interlocuteur, tenant directement de vous l'aveu de votre parfaite disponibilité, ne vous a en réalité adressé cette question que pour mieux vous imposer le programme de sa soirée / son samedi après-midi / son week-end de l'Ascension / ses vacances en août, vous réalisez du même coup la terrible erreur que vous venez de commettre en ne vous ménageant aucune porte de sortie. 

 

Eh bien dans ce cas tu viens avec moi et Sophie dîner au restaurant et on rejoint ensuite Chloé du côté de Nation, dans le bar où elle organise l'anniversaire surprise de Max.

(ton péremptoire, définitif, impératif)

 

Trop tard, le piège s'est refermé sur vous...

 

Il ne vous reste plus qu'à faire les comptes de ce que cette soirée improvisée, à laquelle vous n'avez pas envie d'aller, va vous coûter : 


- 1 heure de métro aller, 1 heure de métro retour - quelle idée d'habiter à l'autre bout de Paris,


- supporter le récit détaillé du dernier voyage de Sophie aux Baléares, description des sanitaires de l'hôtel comprise,


- faire connaissance des amis de Max qui, s'ils lui ressemblent un tant soit peu, risquent fort de présenter un profil de fils-à-papa intéressant à observer, certes, mais seulement de loin,

 

- vos économies du mois (restaurant hyper branché, cadeau de dernière minute pour Max, consommations au cours de la soirée et finalement taxi pour rentrer),

 

- la désagréable impression de vous être fait avoir. 

 

Vous jurez intérieurement que l'on ne vous y reprendra plus.

 

Et, effectivement, la prochaine fois que l'on vous posera la question fatale, anticipant la fourberie de votre interlocuteur et vous mettant ainsi à couvert de tout enrôlement de force dans ce qu'il est convenu d'appeler un "plan foireux", vous répondrez d'un cordial mais ferme : 

 

Je ne sais pas encore exactement.

 Pourquoi ?

 

Moi, je maîtrise désormais parfaitement cet art subtil et délicat de l'esquive amicale. 

 

Si ça n'avait pas été le cas, nous nous serions d'ailleurs peut-être croisés ce soir au salon de l'agriculture... 


salon-de-l-agriculture-copie-2.jpg

 

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