mardi 17 avril 2012

Ce n'est pas bien de dire du mal des gens derrière leur dos

C'est en tout cas ce que l'on m'a dit et répété de longues années durant. 

 

Pourtant, j'ai toujours pensé qu'en général, il était préférable de soigneusement dissimuler les réticences que peuvent vous inspirer certaines personnes.

 

  • D'une part, parce que, dans un souci d'humanité cher à mon coeur (je ne porte que des tee-shirts en coton équitable, c'est vous dire), je trouve inutile de blesser quelqu'un par une vaine énumération de ses défauts. A priori, ses défauts, il est bien placé pour les connaître, et s'il avait voulu y remédier, il n'aurait sans doute pas attendu que vous lui en fassiez la liste détaillée.
  • D'autre part, parce que, dans votre propre intérêt, il ne semble guère opportun de susciter parmi votre entourage un ennemi héréditaire prêt à s'acharner sur vous et chacun de vos descendants sur les dix prochaines générations (si, bien sûr, sa longévité le lui permet). 

 

Je me suis en conséquence toujours attachée à partager celles de mes analyses psychologiques les moins flatteuses avec des personnes autres que celles concernées, tant pour leur bien que pour le mien. 

 

Mais je dois reconnaître que si je voulais être tout à fait prudente, il vaudrait mieux que je garde pour moi l'intégralité de ces réflexions.

 

Tout simplement parce que vous ne pouvez exclure que la personne en question - qui avait seulement, jusque-là, l'intuition de votre non-sympathie à son égard - découvre un jour ce que vous pensez vraiment d'elle.

 

  • 1ère hypothèse : vous découvrez que cette cruche horripilante et désagréable de Melinda, qui suit le même cours de gymnastique suédoise que vous et votre amie Violette, fait une collection de dauphins à paillettes. Comme vous aimez ensoleiller un peu le quotidien de ceux qui vous sont chers, vous vous empressez de partager l'information par texto avec Violette (qui n'était pas présente lors de cette révélation). Dans la précipitation, vous vous trompez de destinataire...
  • 2ème hypothèse : c'est la fin de l'année et vous êtes à la soirée d'adieu du cours de gymnastique suédoise. Comme vous avez normalement fait honneur aux boissons, tout le monde vous paraît excessivement sympathique, même cette cruche horripilante et désagréable de Melinda. L'ennui, c'est que vous n'avez plus les idées très claires, et vous commencez à lui parler d'une fille du groupe, je ne sais plus laquelle, qui fait une collection de dauphins à paillettes, non mais quelle horreur !!!...
  • 3ème hypothèse : grand chassé-croisé du mois d'août. Alors que vous êtes occupée à vous laver les mains dans les toilettes d'une station-service, vous racontez à votre chère soeur Adélaïde toute l'incompréhension que vous inspire la collection de dauphins à paillettes de cette cruche horripilante et désagréable de Melinda (c'est souvent le genre de sujets qu'on aborde dans un pareil endroit). Surprise, Melinda sort à cet insant de la cabine située immédiatement derrière vous...

 

Bref, quand on critique les gens, il faut faire attention de ne pas commettre d'impairs !

 

Ma Melinda à moi, il se trouve qu'en plus de tout savoir et de tout connaître sur tout, de chercher en permanence à être le centre de l'attention générale, de jalouser les gens qui réussissent mieux qu'elle, de se venger de cette injustice en leur décochant de temps à autres une petite réflexion pleine de perfidie, eh bien elle a une conversation des plus inintéressantes (ma femme de ménage fait mal le ménage, les meubles chez Ikea c'est pas toujours la qualité, il y a des gens qui sont addict au loto, etc) qu'elle agrémente environ toutes les 3 minutes par une référence à Sébastien, l'homme qui a la chance de partager sa vie depuis 15 ans : 

 

Sébastien ne veut plus sortir au ciné depuis qu'on a un home cinéma. Sébastien trouve toujours le moyen de se faire hospitaliser quand on est en vacances. Sébastien aime bien le steak tartare. Sébastien n'aime pas jardiner. 

 

Sébastien, je ne l'ai jamais vu, mais comme j'en entends parler dès que j'ai le malheur de croiser Melinda, j'ai presque l'impression de le connaître.

 

C'est la raison pour laquelle, quand j'évoque les choses passionnantes que j'ai apprises sur lui aux autres personnes qui connaissent Melinda et qui l'apprécient tout autant que moi, je parle toujours de Seb

 

Vous ne savez pas ??? Seb n'aime pas jardiner ! Mais oui, je sais, c'est dingue. Melinda doit tondre son bout de terrasse toute seule. Oh la la, c'est pas toujours facile de vivre avec Seb, mais d'un autre côté il aime le steak tartare. 

 

Et hier, lorsque Melinda est venue me parler pendant une demie-heure (Mon Dieu, serais-je en train de devenir sa meilleure amie ???), pour faire semblant de m'intéresser à ce qu'elle me racontait au sujet du divorce un peu houleux de la soeur de Sébastien avec le meilleur ami de Sébastien, je me suis surprise à lui demander : 

 

Et ça va, Seb, il ne vit pas trop mal la situation ?

 

En me rendant compte de ce soudain excès de familiarité, j'ai essayé de me rattraper comme j'ai pu, c'est-à-dire très mal, en ajoutant :

 

Euh, pardon, je veux dire Sébastien, désolée, excuse-moi, je ne sais pas ce qui me prends, hi hi, on n'a pourtant pas gardé les cochons ensemble !

 

Heureusement, tout ça n'a pas paru trop contrarier Melinda. Je crois même qu'elle s'en est trouvée flattée !

 

Mais si j'étais tombée sur une Melinda un peu plus fûtée, l'histoire aurait pu être différente... 

 

seb.jpg

4 commentaires:

  1. J'opte pour la protection des dauphins à paillette qui aiement le steak tartare.

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  2. Tout ça pour dire derrière son dos que Melinda n'est pas très futée ?

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  3. C'est pas intéressant de dire qu'une femme de ménage fait mal le ménage? ça aurait pu être l'objet d'un de mes billets...

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  4. Ah ah, j'aime beaucoup cette belle conclusion ! Il faudra que je songe un jour à partir vivre à la campagne moi aussi si je veux gagner mon Ciel (et à fermer définitivement ce blog assez médisant, accessoirement) ! 

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