mardi 25 septembre 2012

C'est un peu comme un poisson d'avril...

... qu'on vous collerait dans le dos avec du gros scotch, sauf qu'en général - traîtrise ! - ça ne tombe pas forcément un 1er avril et que donc vous n'avez pas nécessairement pensé à revêtir votre gilet anti-friture ce jour-là.

 

Je parle bien sûr du qualificatif-surnom-sobriquet que l'on vous attribue un beau matin, sans crier gare, et qui est censé, à lui tout seul, résumer l'un des traits saillants de votre personnalité. 

 

Cela peut donner des choses très diverses comme par exemple :


- Miss catastrophe (parce qu'une fois un lampadaire est tombé sur votre voiture et qu'une autre fois, rien qu'en effleurant l'interrupteur, vous avez fait sauter tout le circuit électrique de la boîte),


- Bree (un gâteau home made et une malheureuse association col claudine/mocassins et puis, ça y est, le mal est fait),


- Deux-de-tension (un léger manque de réactivité lorsque l'on s'adresse à vous),


- Monsieur Propre (au choix, selon le sexe : vous êtes chauve et légèrement maniaque dans le registre hygiénique - du genre à désinfecter la couverture des livres de bibliothèque que vous empruntez avant de les lire / vous avez perdu l'une de vos créoles et êtes légèrement maniaque dans le domaine de la propreté - du genre à ne pas utiliser la souris d'ordinateur d'autrui sans avoir auparavant passé une lingette dessus),


- DSK (celui-là, je ne vous fais pas un dessin, tout le monde aura compris),


- etc...

 

Si vous n'en avez pas déjà fait les frais, vous ne vous rendez sans doute pas compte de ce que cela peut représenter. 

 

Il faut savoir qu'en réalité, vous devenez littéralement prisonnier de votre nouveau surnom.

 

Vous voulez lui échapper ? Vous faites exprès d'adopter une attitude en totale contradiction avec lui ? Vous pensez que, ça y est, vous l'avez définitivement semé ? 

 

Attendez une seconde et vous verrez qu'il vous revient en pleine figure comme si, sans que vous vous en soyez aperçus, on vous l'avait attaché au cou avec un élastique...

 

"Bah alors Mary Poppins, on a oublié son parapluie ?"

 

Je pourrais vous en parler des heures parce que c'est ce que j'ai personnellement vécu à mon retour de vacances.

 

C'était un beau jour du début du mois de septembre (si loin déjà...), il était environ 9h, et après avoir récupéré ma tasse de café fumant, avoir fait le tour des bureaux, m'être inventé un faux séjour de rêve dans un coin paradisiaque, avoir expliqué qu'en 2 jours de mauvais temps sur Paris tout mon bronzage était parti (et pourtant j'étais quasi black ), j'ai appris (vers 11h) que nous avions recueilli une jeune stagiaire depuis la veille.

 

Les stagiaires, surtout lorsqu'ils ont moins de 14 ans, il faut bien reconnaître qu'ils ne nous sont qu'assez très peu utiles.

 

Ce qui explique qu'en temps normal, nous déclinons systématiquement toute demande de stage-découverte-du-monde-formidable-de-la-vie-professionnelle, sauf hypothèse particulière d'un bon vieux piston des familles (style le fils du boulanger de la soeur du patron qui voudrait bien voir keskonfaitdonccheznous pendant son stage de de CM2). 

 

Auquel cas, le casse-tête commence !

 

Comment :


- trouver de quoi occuper le stagiaire pour ne pas qu'il sombre en dépression au bout de 3 jours d'inactivité totale (sachant que son écran d'ordinateur est visible par toute personne qui passe dans le couloir ce qui l'empêche de lézarder tranquillement sur internet),


- tout en gardant suffisamment de temps pour soi pour pouvoir continuer à lézarder tranquillement sur internet (en faisant quand même un dossier de temps en temps, histoire de garder la main) ?

 

Comme personne n'a jamais trouvé la formule magique, la tendance générale consiste à fuir purement et simplement le stagiaire. 

 

Sauf que moi, figurez-vous qu'avec la bonté qui me caractérise (soit dit en toute modestie), il m'est déjà arrivé d'être tout à coup prise de pitié à l'égard dudit stagiaire et d'essayer en conséquence d'égayer un peu son douloureux passage chez nous (Si tu veux du chocolat, il y en a dans le placard / Le vendredi, tu peux partir un peu plus tôt, tu sais / Attends, je vais te raconter l'histoire du clochard que j'ai croisé dans le métro / Tu aimes bien mon écharpe ? / etc).

 

Tout ça pour en revenir à ce fameux jour de rentrée où l'on m'a appris que pour accueillir notre nouvelle stagiaire, on lui avait tout simplement collé à lire 3 dossiers poussiéreux passionnants, en prenant soin de lui annoncer que : 

 

"Là, Ginger, n'est pas là, mais tu vas voir, c'est un peu la maman des stagiaires". 

 

Oui, vous avez bien lu, Ginger, la maman des stagiaires

 

L'amour maternel a beau être aveugle, j'ai assez rapidement flairé l'entourloupe !

 

Un très beau titre certes, mais surtout très commode pour éviter d'avoir à dire trop directement au stagiaire de bien vouloir ne déranger personne d'ici au retour Ginger, et pour éviter d'avoir à dire trop directement à Ginger de bien vouloir s'occuper du stagiaire à compter de son retour (et que de toutes façons c'est trop tard pour reculer vu que le stagiaire croit maintenant dur comme fer que grâce à elle il va passer un stage formidable, plein de découvertes incroyables, de surprises absolument ahurissantes, de retournements de situation rocambolesques...).

 

Mais bon, j'ai l'esprit trop occupé en ce moment pour en tenir rigueur à mes collègues...

 

A votre avis, dois-je, oui ou non, avertir notre stagiaire que venir avec une grosse polaire orange flashy au bureau, en gardant toute la journée la capuche bien vissée sur la tête, et envoyer en moyenne 3 textos par seconde, y compris au cours d'un déjeuner au restaurant avec les associés, ah ça non, tu sais, ça ne se fait vraiment pas dans le monde professionnel ?!


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5 commentaires:

  1. Bravo, Maman des stagiaires !

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  2. J'ai un de mes potes qui m'a surnommé "Chochotte" un jour. J'ai pris perpette en termes de sobriquet...

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  3. Je peux venir faire un stage chez vous ? J'aimerais bien me faire un peu materner...

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  4. j'ai hérité du surnom de Môme Crevette aprés une allergie à ces bestioles lors d'une soirée d'anciens de l'école de chimie de mon mari.Y a pire, je trouve!

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  5. J'ai en tout cas obtenu une boîte de chocolats et des remerciements de ma stagiaire, lors de son départ, "pour m'être si bien occupée d'elle"... Ce n'est finalement pas un si mauvais début dans la vie professionnelle à la réflexion (ils étaient très bons ces chocolats) !

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