lundi 19 novembre 2012

Le prochain film que je n'irai pas voir

J'aimais bien l'affiche avec son esthétique fifties assumée, à mi chemin entre Mad men et Mad men (la référence fifties incontournable du XXIe siècle pour tous les incultes des fifties).

 

Ses couleurs acidulées me donnaient presque envie de rester de bonne humeur en entendant les haut-parleurs de la RATP grésiller que "Le trafic est perturbé sur la ligne 6, cela fait suite à panne de signaux(Ils vont se décider à nous les changer un jour ces signaux ou ils attendent encore une douzaine de pannes aux heures de pointe ? Et sinon elle peut pas au moins parler français la dame au micro ? Ca l'embêterait de dire "cela fait suite à une panne de signaux" au prix qu'on paye pour le pass navigo ?).


Et puis les personnages de l'affiche aussi me plaisaient bien.

 

Elle, jeune, espiègle, charmante. Lui, la trentaine avantageuse, un air mi-sérieux mi-pas-sérieux, un peu renfrogné mais pas trop, séduisant. 

 

Avec mon flair habituel, j'ai vite deviné que derrière tout ça se cachait une bonne vieille comédie sentimentale illustrant un principe ancestral qui veut que les plus violentes antipathies débouchent sur les histoires d'amour les plus idylliques (attention, lecteur, ça ne marche que dans les livres ou les films). 

 

On l'a bien constaté dans Orgueil et préjugés, et j'avais déjà le fol espoir de pouvoir vibrer pour un nouveau Darcy avec la sortie prochaine de ce film intitulé... attendez, c'est quoi déjà le titre... comment ça, Populaire ?!

 

Oui, vous avez bien lu, Populaire

 

Aïe, le titre est mauvais. 

 

Très mauvais. 

 

On sent la comédie sentimentale qui ne s'assume pas.

 

Et une comédie sentimentale qui ne s'assume pas, c'est comme un dépressif chronique à qui l'on confie l'animation de la fête des voisins : ça ne marche pas. 

 

Je voulais en avoir le coeur net et, du coup, je suis allée jeter un coup d'oeil au synopsis du film sur Allociné

 

"Printemps 1958. Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père, veuf bourru qui tient le bazar d’un petit village normand. Elle doit épouser le fils du garagiste et est promise au destin d’une femme au foyer docile et appliquée. Mais Rose ne veut pas de cette vie. Elle part pour Lisieux où Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire. L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose a un don : elle tape à la machine à écrire à une vitesse vertigineuse. La jeune femme réveille malgré elle le sportif ambitieux qui sommeille en Louis… Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. Qu’importent les sacrifices qu’elle devra faire pour arriver au sommet, il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde ! Et l’amour du sport ne fait pas forcément bon ménage avec l’amour tout court…"

 

Re-aïe. 

 

Pour trois raisons, rien que ça. 

 

1) Une jeune fille promise à un tragique destin de "femme [de garagiste] au foyer docile et appliquée" qui envoie tout valser, rompt avec son fiancé, se brouille à jamais avec son père, part sans ressource aucune de chez elle, tout ça pour devenir secrétaire à Lisieux, c'est un peu la montagne qui accouche d'une souris...

 

Un peu d'ambition que diable, on est au cinéma, là où everything is possible et bigger than life !

 

Pamphyle devait au moins devenir chef de service à l'Hôtel Dieu, vénéneuse espionne trilingue, danseuse au Lido... que sais-je !

 

Là, déjà, j'ai un sérieux doute sur les capacités personnelles de la Pamphyle et ça, c'est terriblement mauvais pour l'intérêt que vont susciter ses aventures chez moi...

 

Bref, passons.

 

2) "Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance".

 

Incohérence monstrueuse. 

 

Charisme / cabinet d'assurance. 

 

Inutile d'en dire plus, vous m'aurez comprise. 

 

3) "Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. [...] il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde !"


Et pourquoi pas de la galaxie pendant qu'on y est ? 

 

On devait drôlement s'embêter, dites donc, en 1958, quand on était patron à Lisieux, pour prendre en test une secrétaire avec laquelle on ne s'entend pas, juste pour en faire une bête à concours de dactylographie ! 

 

Il se serait agi de concours de lancers de fléchettes, à la limite, j'aurais compris.

 

A l'époque, il y avait peut-être des bars à Lisieux qui organisaient des tournois de fléchettes en binôme patron/secrétaire, avec à la clef une bière gratuite pour le patron, je ne sais pas....

 

Mais se démener pour un concours de rapidité à la machine à écrire, non, on ne comprend pas !

 

Ou bien Louis est lui aussi un peu borderline intellectuellement (et moi les histoires d'amour entre arriérés mentaux ça ne m'intéresse pas spécialement), ou bien Louis est un sadique qui aime torturer sa secrétaire en lui faisant faire n'importe quoi comme par exemple des concours de dactylographie (et moi les sadiques j'en connais déjà suffisamment dans la vraie vie pour ne pas me payer le luxe d'aller en plus en découvrir de nouveaux au cinéma). 

 

Autant de raisons pour lesquelles, a priori, vous ne me croiserez ni à l'avant-première, ni à la première, ni aux post-première de Populaire...

 

Ceci dit, je ne suis pas quelqu'un de définitif, rigide et borné.

 

Je réétudierai en conséquence peut-être la question si le film dépasse les 35 millions d'entrées et devient réellement... euh... bah... Populaire justement !

 

 bla.jpg

6 commentaires:

  1. Ca ne serait pas Romain Duris sur l'affiche ? Alors là, d'emblée, sans même écouter tous les arguments très pertinents avancés dans l'article, je fuis le film.

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  2. Quand même, ça doit être sympa de payer l'entrée du cinéma pour voir quelqu'un taper à la machine...

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  3. Je suis d'accord, le titre du film est nul, mais bon, c'est parce que, tu vois, le populaire et moi, enfin, c'est pas que j'aime pas...

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  4. L'analyse me parait tout à fait pertinente. Ceci dit je n'ai toujours pas compris le sens du titre ?

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  5. Si les effets spéciaux se limitent à une dactylographie record, alors, c'est déjà un argument pour ne pas aller dans une salle de cinéma, ça sera très convenable pour un format télé. Sinon, Lisieux en grand écran dolby surround 3 D... ?

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  6. C'est clair, c'est bien trop classe pour Romain ! 

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