mercredi 9 janvier 2013

Elle te plaît pas ma fève ?!!

 

C'est la saison de la galette, paraît-il, en ce moment. 

 

Je n'avais pas remarqué un changement de temps particulier, mais, c'est vrai, en quelques jours, les vitrines des boulangers se sont trouvées envahies de galettes, des publicités de galettes ont fleuri un peu partout dans les rues et j'ai même reçu un mail de Monoprix pour me dire que c'était l'heure de la galette et que ça tombait bien, ils en avaient des beurrées et drôlement craquantes.

 

En fait, c'est un peu comme si toute la nature s'était tout à coup mise à me crier dans les oreilles que :

Bye bye le beaujolais, bienvenue la galette ! 

 

Mais ce changement de saison n'était pas pour me déplaire, rassurez-vous ! 

 

D'abord, j'ai assez peu apprécié le beaujolais cette année (comme les 5 ou 6 années précédentes en fait) (voire toutes les années précédentes).

 

Ensuite, même si je n'aime pas beaucoup la frangipane, je suis extrêmement sensible à l'enjeu associé à cette composition culinaire, au pouvoir attractif de la fève, bref, plus simplement au challenge-de-la-galette

 

A tel point qu'étant petite, j'étais capable de me resservir 3, 5, 10 fois en galette (il existait alors de très grandes galettes car les familles comptaient facilement entre 1000 et 1500 membres), jusqu'à temps que la fève sorte, après quoi je déclinais systématiquement - mais toujours très poliment - toute proposition de nouvelle part, dans un brusque élan vers le lit le plus proche pour y agoniser, douloureusement, étendue sur le ventre. 

 

Et enfin - c'est peut-être très old régime et pas du tout Iphone 5 mais tant pis - je suis très attachée aux traditions, surtout quand elles se mangent, et en l'occurrence, la galette, c'est une tradition vieille comme Hérode (ou presque) qui a d'ailleurs été célébrée par Renoir himself (cf. LMoulin de la galette).

 

Pour toutes ces raisons, chaque année, je ne manque pas d'organiser moult galettes parties avec les personnes qui me sont chères, pour voir si j'aurai plus de chance qu'elles en remportant la fève et si je pourrai me pavaner avec ma couronne en strass en leur disant que l'essentiel c'est de participer (à la galette). 

 

Cette année, ma première galette party a été réservée à Aude et Ninon, deux amies qui, je le savais, étaient bien trop attachées aux traditions, elles aussi, pour bouder ce dessert.

 

Bien sûr, j'avais pris soin de n'inviter aucun représentant du sexe masculin, bien consciente que l'histoire du choix du roi complique en général de façon désastreuse une réunion de ce type. 

 

Au lieu de s'en tenir à des considérations portant sur la qualité de la couronne ou sur son aptitude à illuminer le teint et à gommer les imperfections de la peau, la personne qui remporte la fève, en présence d'une assemblée aussi mêlée, en arrive inévitablement à des interrogations métaphysiques insolubles qui peuvent se résumer à travers les deux propositions suivantes :

 

1- si je le choisis lui, il va croire que je suis intéressée (alors que pas du tout),

 

2 - si je le choisis lui, il va croire que je suis intéressée  (alors que c'est vrai mais je ne veux pas qu'il le sache, ou en tout cas pas comme ça avec un tel manque de subtilité).

 

 

Comme Aude était la plus jeune, nous lui avons demandé de fermer les yeux quand j'ai coupé la galette (nous lui avons épargné d'aller sous la table à cause de la saleté) et puis elle a dit que Ninon devait prendre la première part, moi la deuxième, elle la dernière. 

 

Et je ne sais pas comment elle s'est débrouillée, mais, comme par hasard, c'est elle qui a eu la fève. 

 

Est-ce qu'elle avait tâté la galette avant ? Est-ce qu'elle avait placé un micro émetteur dans la part contenant la fève ? Est-ce qu'elle a carrément des dons de voyance de fève ?

 

Je ne le saurai sans doute jamais....

 

Mais, toujours est-il que, bonne joueuse, lui laissant le bénéfice du doute en attendant que les remords la conduisent un jour à avouer sa tricherie, je lui ai remis sa fève et sa couronne avant de la féliciter (pour la forme). 

 

Bien sûr, ma bouchée de galette me restait un peu en travers de la gorge, mais j'ai courageusement pris sur moi. 

 

Ninon, elle, était visiblement bien trop occupée à finir sa part pour prêter attention à tout le dramatique de la situation.

 

Mais le pire, c'est qu'à la fin de la soirée, Aude est repartie sans sa fève et sans sa couronne...

 

Un peu comme si la seule chose qui l'avait intéressée dans la galette avait été de bien s'assurer que personne d'autre qu'elle ne serait reine, et après ça, basta la compagnie !

 

Notez qu'en revanche, elle a bien pensé à prendre son manteau et son sac à main...

 

Et quand je pense que la fève, c'était en plus une petite vache du genre vraiment très mignonne, facile à exposer dans son salon pour épater ses amis, un tel comportement d'enfant gâté me rend juste folle ! 

 

feve.jpg

9 commentaires:

  1. Ou peut-être qu'en fait, elle ne souhaitait même pas être reine, et on se demande alors pourquoi elle ne t'a pas donné sa part... sans compter qu'elle aurait pu abdiquer à ton profit... il y avait tant d'autres solutions plus dignes ! Courage, tu vas remonter la pente !!!

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  2. Moi aussi, j'adore dire aux gens que l'essentiel c'est de participer une fois que j'ai gagné (j'allais mettre un smiley, je me sens tout le temps obligée d'en mettre maintenant...). Ton billet m'a bien plu!

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  3. Ginger, ne te plains pas, car à défaut d'avoir gagné la gloire, tu as gagné la vache !

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  4. Tu es une Reine, Ginger, même hors Épiphanie.

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  5. Nan mais c'est n'importe quoi, les gens ne respectent plus rien aujourd'hui, elle aurait au moins pu essayer de la revendre su ebay.

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  6. Je n'ai JAMAIS la fève... JAMAIS! c'est lamentable.... alors je n'en mange plus depuis 1987!

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  7. Ginger, en 2013, tes billets sont au moins aussi drôles qu'en 2012 ! Est-ce que Christine Haas te l'avait annoncé ?

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  8. C'est ignoble, je suis révolté !

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