lundi 25 février 2013

On ne prête qu'aux vieux

Vendredi en fin de matinée, j'ai reçu un coup de fil de la Belette :

 

Ginger, mon chauffage est tombé en panne, tu peux venir jeter un coup d'oeil ?

 

Sans doute se souvenait-elle que je suis un peu une experte en matière de radiateur.

 

Il faut dire que, deux fois déjà, j'ai été confrontée à de sérieux ennuis avec ce type d'appareil et que je m'en suis sortie la tête haute.

 

Une première fois, souvenez-vous, alors que le chauffage venait d'être remis en marche pour tout l'immeuble (adieu terrasses de café et chapeaux de soleil), mon radiateur était le seul à ne pas marcher.

 

J'avais finalement réussi à solutionner le problème avec l'aide de ma gardienne qui m'avait conseillé de tourner le bouton du thermostat pour qu'il ne soit plus à zéro (très efficace).

 

Une seconde fois, plus récemment – je ne l'ai pas raconté sur mon blog parce que juste après  Debbie s'est incrustée chez moi et ça me faisait trop de sujets en même temps – mon radiateur dégageait une odeur de fuel suspecte à 2 heures du matin.

 

Là encore, j'étais arrivée à résoudre la difficulté, cette fois avec l'aide des pompiers (après avoir essayé, sans succès, de joindre mon frère, puis, avec succès, mes parents qui n'avaient pas d'avis particulier sur la question) en ne faisant rien vu qu'en fait l'odeur ne venait pas de mon radiateur mais de la fenêtre à côté qui laissait passer les émanations de gaz de l'usine Lubrizol (merci Lubrizol).

 

Bref, je commence à avoir une petite connaissance en matière de chauffage et je suis donc passée chez la Belette dans l'après-midi l'aider à bricoler sa chaudière.

 

Bien sûr, nous n'avons rien pu faire vu que le brûleur était mort et que ni moi ni elle nous n'avions la pièce sur nous, mais comme c'était déjà l'heure des Césars, elle m'a dit, pendant qu'on lavait nos mains pleines de cambouis :

 

Hey Ginger, ça te dirait de rester regarder les Césars avec mon marido et moi en mangeant des sushis ?

 

Là, la Belette avait tapé dans le mille.

 

1) des sushis : miam,

 

2) des Césars : un sujet qui m'inspire,

 

3) les regarder ensemble : être certain de bénéficier de commentaires de qualité, la Belette, pour ceux qui l'ignoreraient encore, étant l'auteur d'une chronique people très suivie, et son marido étant aussi très à la page en matière de showbiz même s'il ne tient pas (encore) de chronique people sur un blog (dommage).

 

Inutile de dire que beaucoup de réflexions profondes ont été échangées :

 

- il est pas mort lui ?

 

- la robe verte de Bérénice Béjo fait un peu trop Robin des bois pour être honnête, surtout avec l'espèce de lierre qui lui parcourt le bras,

 

- il a quand même joué dans des tas de films inintéressants Kevin Costner mais on lui pardonne parce qu'il vieillit bien, - Mélanie Theuriau est franchement pas mal (sans doute son maquillage),

 

- François Damien, c'est un concept à lui tout seul (comprenez ce que vous voudrez),

 

- ...

 

Les prix défilaient – toujours dans ce même ordre immuable, du prix dont on se fiche le plus (prix du meilleur perchman, prix du meilleur figurant, etc.) au prix qui là, pour le coup, t'évoque vraiment quelque chose.

 

Et, à un moment donné, après avoir avalé tous nos sushis et nos makis, on a enfin fini par arriver à cette catégorie de prix là.

 

Il était temps, je commençais à me demander ce que j'allais bien pouvoir manger pour patienter sinon.

 

César de la meilleure actrice (roulements de tambour).

 

Evidemment, tout de suite, avec mon imagination fertile, j'ai pensé à une beauté fatale à la Marilyn Monroe, glaciale à la Grace Kelly ou encore juvénile à la Audrey Hepburn, monter sur scène récupérer le totem d'or.

 

Et là, Emmanuelle Riva pour Amour.

 

Bon.

 

Ok.

 

Elle fait un petit discours un brin décousu, Kevin Costner s'endort parce bon, il n'avait pas signé pour une visite en maison de retraite en venant récupérer son César d'honneur, elle ne peut pas porter le César parce qu'il est trop lourd, Omar Sy se transforme en manutentionnaire pour l'occasion.

 

César du meilleur acteur (re-roulements de tambour).

 

Là, je me dis, c'est sûr, on va avoir du niveau.

 

J'attends avec impatience de voir apparaître un séduisant, classe, impeccable, élégant, jeune homme, de préférence célibataire.

 

Et là, Jean-Louis Trintignant pour Amour.

 

Bon, bon...

 

Mouais.

 

Fiston vient récupérer le trophée, il essaye d'appeler papa, c'est occupé, ah non, papa décroche, papa remercie, fiston emporte le totem inca (autre manutentionnaire).

 

Bon, bon.

 

Léger sentiment de malaise en éteignant la télévision.

 

Alors oui, je sais, il y a des gens qui aiment beaucoup les personnes âgées – j'ai moi-même quelques personnes âgées dans mon entourage.

 

Mais, au risque de choquer, quand même, il y a des limites.

 

C'est vrai, les personnes âgées, elles ont déjà la carte vermeil, toute la journée pour faire leurs courses, Questions pour un champion, des assistantes de vie, André Rieux, une retraite que nous n'aurons jamais, des clubs de scrabble, le droit de d'exiger nos places dans le métro...

 

Et maintenant, voilà qu'elles veulent nous ôter la distinction de meilleur acteur.

 

Et pire, elles veulent carrément nous confisquer l'Amour.

 

Oui, l'Amour, rien que ça.

 

Ca ne leur suffisait pas d'avoir déjà tout un tas de privilèges, il faut qu'elles arrivent en fourbes dépouiller la jeunesse des quelques menus avantages qu'elle conserve encore.

 

Vous verrez, bientôt, elles viendront aussi nous piquer notre peau lisse et nos cheveux pas blancs.

 

Il est temps d'entrer en résistance les amis, après il sera trop tard. 

 

Tous les coups sont permis, même ceux dans la canne de mamie.

 

 

chaudiere.gif

Et sinon, quelqu'un a un brûleur en rab ?

6 commentaires:

  1. De toute façon Fugain l'a dit, l'amour s'arrête à 77 ans.

    RépondreSupprimer
  2. Au moins sur la blogosphère on est assez tranquille. Mais pour combien de temps ?

    RépondreSupprimer
  3. Quadra : c'est vieux ? Non, parce que sinon, j'arrête de bloguer.

    RépondreSupprimer
  4. Je ne peux pas commenter, j'ai froid aux doigts : tu peux faire quelque chose pour mon chauffage ?

    RépondreSupprimer
  5. C'est faux, je ne t'ai pas appelée pour le chauffage, mais pour mon installation électrique. Et je n'y vois toujours rien.

    RépondreSupprimer
  6. Merci Raphaële ! Je pense que même culinairement parler, il faut se méfier des vieux...

    RépondreSupprimer

Un petit commentaire ?