lundi 11 mars 2013

Adieu mes 15 ans

 

Hier, ma soeur et moi, nous étions confortablement installées sur le canapé du salon de mes parents, à discuter ensemble de tout et de rien, comme nous savons très bien le faire.

 

A discuter de tout et de rien, oui, mais pas seulement.

 

Nous avons bien trop peur, toutes les deux, de nous voir tout à coup méchamment rattrapées par l'héritage familial pour nous laisser aller à ne faire que parler.

 

Je ne sais pas si vous connaissez ma tante qui habite Limoges, celle qui est capable de passer toute une journée à ne faire qu'exprimer son opinion sur tel ou tel sujet totalement inintéressant, d'un ton languide et monocorde, des heures et des heures durant, mais c'est quelqu'un qui vous fait vite comprendre toute l'horreur que peut représenter le mot « bavasser ».

 

Et puis, ma soeur et moi, nous avons trop conscience d'avoir encore au mieux 70 ans à vivre (sauf cryogénisation impromptue), dont peut-être seulement 40 à 50 ans où nous serons suffisamment alertes et saines d'esprit pour faire autre chose que nous balancer, le regard vide, sur notre rocking chair, un vieux chat dégarni sur les genoux, pour ne pas employer chaque seconde de notre existence dans toute leur potentialité.

 

C'est pour ça qu'en plus de discuter :

 

  • non seulement nous nous employions activement à parfaire l'éducation de mes neveux, tant sur un plan intellectuel (Mais pourquoi as-tu colorié 3 télétubbies en bleu et le quatrième en jaune ?) que sur un plan social (Attention, tu vas renverser la télévision à faire tournoyer comme ça ton camion de pompier en l'air !),

     

  • mais encore nous nous ouvrions sur le monde grâce à nos ordinateurs respectifs web-connected à internet.

 

Un peu comme Napoléon en fait.

 

Et j'étais juste en train d'entrer mon code RIO pour finaliser mon changement d'opérateur téléphonique (Je reçois ma nouvelle carte SIM dans combien de temps, tu penses ?), lorsque ma soeur, qui menait une étude approfondie des films à ne pas aller voir au cinéma la semaine prochaine (Attends, écoute le synopsis !), m'a tout à coup demandé sans aucun ménagement :

 

"Et au fait, tu es au courant qu'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont séparés ?"

 

Dans la vie, il y a deux sortes de scoops.

 

Ceux que j'aime bien et ceux que je n'aime pas.

 

Celui là faisait clairement parti de la seconde catégorie.

 

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, je les ai découverts un beau jour dans Cuisine et dépendances.

 

Après ça, on peut dire que je ne les ai plus vraiment quittés.

 

En tout, j'ai bien dû visionner au moins 100.000 fois par an ce film, et pareil pour Un air de famille et On connaît la chanson.

 

Et à chaque fois, j'admirais leur talent d'écriture, leur finesse d'analyse, leur humour grinçant et bien sûr la justesse de leur jeu d'acteur.

 

Autant de qualités émanant de deux personnes qui me laissait penser que le couple qu'elles formaient, loin de reposer sur un ciment de bas étage fait du seul partage des aspects les plus communs de l'existence, tirait toute sa force et sa supériorité de la parfaite communion d'esprit dans laquelle elles s'étaient un beau jour, en dépit de leurs différences de caractère et de tempérament, surprises et reconnues.

 

Vous l'aurez compris, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri représentaient un peu, pour moi, l'incarnation du couple mythique moderne, celui qui parvient à résoudre l'équation impossible d'une union pleinement harmonieuse de deux personnalités pleinement indépendantes.

 

Un tel couple devait durer pour toujours, jusqu'à la mort et même bien au-delà.

 

Ils étaient la preuve qu'à l'ère moderne, l'amour ne se résumait pas qu'à une question de division par deux des charges de copropriété ni à un partenariat de lutte contre la solitude devant petit écran.

 

J'en étais tellement convaincue que même la genèse de leur rencontre racontée par Agnès Jaoui dans un vieux numéro de Première - « J'avais froid, il m'a proposé son blouson » - m'avait paru d'un romantisme incroyable...

 

Tout s'est effondré hier avec la nouvelle de leur séparation.

 

"Quoi ??! Eux aussi !" me suis-je exclamée incrédule.

 

"Non, tu me fais marcher, tout ça c'est pour que je t'achète encore des cocopops..."

 

Mais en fait, renseignements pris sur Voci.fr, c'était vrai, et même, Agnès Jaoui se plaignait d'être toujours un peu restée dans l'ombre de Jean-Pierre Bacri jusque là.

 

Les couples parfaits n'existent pas, c'est maintenant une évidence.

 

Tant pis.

 

Finalement, le ciment le plus fort entre les individus, ce n'est pas une belle entente illusoire et éphémère, mais un rapport de nécessité réciproque durable.

 

Exemple : j'ai un joli chalet à Courchevel / tu as une belle maison en Corse.

 

Il va falloir s'y faire...

 

6 commentaires:

  1. J'envie celui qui te proposera son blouson lorsque tu auras froid. Le fait de croire en l'amour éternel ou à la perfection des couples est une qualité rare qui s'est perdue et qu'on ne retrouve que chez des coeurs purs. Ne change rien.

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  2. Heureusement il nous reste François et Valérie ♥

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  3. Haha quand j'ai annoncé (en sortant de leur dernier film) à mon mari que Bacri et Jaoui (genre d'info que moi, je sais depuis longtemps) étaient séparés, il a eu la même réaction que toi. Vous êtes mignons.

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  4. J'ai réagi comme toi à l'annonce de cette nouvelle. Sauf qu'heureusement, j'ai un chéri merveilleux avec lequel je n'entretiens aucun rapport de nécessité réciproque et durable juste une belle entente qui me permet de croire encore que l'amour ça peut durer toujours ;-) Ouf !

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  5. Quand je lis ce genre de choses, je me félicite de ne pas avoir de télévision et donc de ne pas les connaître. Ca fait moins mal...

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