vendredi 19 avril 2013

Je suis en hélico, je te dépose ?

Je ne sais pas vous, mais moi, ce n'est pas tellement le genre de questions auxquelles je suis habituée.

 

Peut-être parce que je n'habite pas à proximité immédiate d'une piste d'hélicoptère, peut-être aussi parce que mes amis sont un peu plus yacht ou jet privé.

 

Et c'est encore moins le genre de questions qu'il m'arrive de poser autour de moi.

 

Dans ce registre, j'ai beaucoup plus pour habitude de lancer - en toute simplicité - de sympathiques propositions du genre « Je suis à pieds, on fait le chemin ensemble ? » ou « Je prends le métro, tu m'accompagnes ? ».

 

Bref, vous l'aurez compris, quel que soit le moyen de transport, je fais rarement un détour pour les autres (sans doute par manque de temps).

 

Enfin, ça, c'était jusqu'à cette nuit.

 

Chaque soir, comme vous je pense, dès que le Marchand de sable est passé (en ce qui me concerne, il passe plutôt en fin de tournée, sur les 1h - 1h30 du matin), je rejoins mon autre vie où il m'arrive des tas de choses bien plus palpitantes que celle dans laquelle j'écris ce blog.

 

Là-bas, je suis déjà arrivée en pantoufles au travail, je suis retournée au collège, en cours d'histoire, et pas de chance c'était interrogation surprise, j'ai fait un beau mariage en calèche en me disant que j'avais bien tort d'épouser ce type mais que tant pis c'était trop tard maintenant, j'ai vu une montgolfière foncer dans le séjour de l'appartement de mes parents et tuer la moitié des convives qu'ils recevaient, je me suis surprise à rendre mon dernier soupir, et, dernièrement, j'ai aussi pris le car de l'angoisse en direction d'un lotissement abandonné.

 

Et bien hier, cette fois, j'étais aux commandes d'un hélicoptère, en l'occurrence, MON hélicoptère (eh oui, je suis très successful dans cet autre monde).

 

Et voilà que, juste avant de décoller, j'aperçois Vince, un vieux camarade de promotion (les camarades de promotion sont toujours vieux).

 

- « Eh oh Vince, je suis en hélico, je te dépose ? » (Je n'ai pas revu Vince depuis bien un an mais à quoi bon perdre son temps dans de longues discussions stériles et parfaitement convenues – Comment vas-tu ? On a eu un hiver horrible tu ne trouves pas ? - quand on peut simplement AGIR ?!).

 

- « C'est gentil Ginger mais je suis à deux pas. Tu vois cette grande bâtisse de l'autre côté de la route, eh bien c'est là où je dois me rendre pour rencontrer mon client » (Vince a de grosses responsabilités, lui).

 

- « Non mais attends, je ne vais pas te laisser aller à pieds (enfin une occasion d'utiliser mon hélicoptère), je te conduis, tu y seras d'autant plus vite ! ».

 

Vince craque monte dans mon hélicoptère.

 

Sans davantage me poser de questions, un peu comme si j'étais une pro des airs titulaire de sa licence de pilote depuis la guerre du Vietnam, j'enfile mon casque/écouteurs, je mets en mouvement les pales du rotor principal, je relève le manche gauche et nous voilà partis.

 

Grisant me direz-vous de convoyer quelqu'un dans un appareil que vous vous imaginiez jusqu'alors ne pas savoir conduire.

 

Oui, mais, malheureusement, il y a toujours un moment où la triste réalité revient méchamment interférer avec le rêve.

 

Au lieu de conduire mon hélicoptère jusqu'au lieu très voisin du rendez-vous de Vince (souvenez-vous, la grande bâtisse de l'autre côté de la route), voilà que mon absence totale de sens de l'orientation, refait tout à coup surface.

 

Je me retrouve prise dans une vue Google Earth faite de grandes étendues verdâtres atrocement floues.

 

Impossible de me repérer.

 

Je commence à faire comme d'habitude lorsque j'essaie de trouver une direction : je vais n'importe où en me fiant à mon instinct, ce qui me garantit à coup sûr de ne jamais retrouver mon chemin.

 

Tiens, curieux, le paysage se modifie, de grandes étendues rocheuses apparaissent...

 

Ne serions-nous pas désormais perdus en pleine montagne (chouette une nouvelle expérience) ?

 

« Joli le paysage, hein, Vince ! »

(ton faussement décontracté destiné à dissimuler le gros sentiment de malaise qui s'empare de moi lorsque Vince jette, pour la 15ème fois en moins de 10 secondes, l'air passablement préoccupé, un coup d'oeil à sa montre).

 

J'espère que Vince a bien profité de ce petit baptême de l'air, parce qu'à mon avis, le temps que je me pose pour demander mon chemin, son rendez-vous avait déjà dû lui filer sous le nez depuis longtemps.

 

Évidemment, je ne peux pas vous le garantir à 100 % vu que je me suis réveillée avant de pouvoir en faire le constat formel, mais on s'acheminait de façon assez convaincante vers cette hypothèse... 

 

Il ne me reste plus qu'à croiser les doigts pour que, la prochaine fois que je l'aurai au téléphone, il ne se souvienne pas de ce rêve et de la façon dont j'ai gravement nui à ses intérêts professionnels, tout ça à cause d'une bête histoire d'hélicoptère !


 

Helico.jpegAccroche-toi Vince, ça va décoiffer !  

5 commentaires:

  1. Haha, on me l'a déjà dit en vrai ça ! J'étais en retard à un baby sitting sur la Côte d'Azur (oui pourquoi ?) et j'arrive en retard parce que train retardé (du coup), et en passant la porte (très grande, comme pour une très grande maison) la fille de 8 ans que je venais baby sitter me dit "bah t'aurais du prendre l'hélico au moins tu serais arrivée à l'heure". Effectivement oui...

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  2. ça donne super envie d'embarquer avec toi!

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  3. L'hélico, franchement, c'est beaucoup plus sûr.

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  4. Tu aurais dû mettre le pilote automatique... Penses-y la prochaine fois.

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