jeudi 19 septembre 2013

A quoi reconnaît-on un vieux croûton ? (suite I)

 


Souvenez-vous, dans le récit de mon week-end à Deauville chez Florian, je vous avais laissés - un peu cavalièrement, je l'avoue - en plein trajet de RER, le nez dans un article du Point consacré aux demeures de charme de Saint Tropez, à comparer différents modèles de piscines

 

Certains de mes commentateurs m'ayant courtoisement indiqué qu'ils ne s'étaient pas encore totalement lassés de cette histoire, je m'abstiens de leur adresser un Vraiment ? de politesse, de peur qu'ils ne se ravisent trop rapidement...

 

C'est vrai, quoi, il y a des choses qu'on ne peut pas garder pour soi ! 

 

--

 

Tout arrive dans la vie, même la fin d'un trajet en RER.

 

Florian et moi, après avoir rangé magazine et M&M's, récupéré bagages, chapeaux de paille et raquettes de tennis, sommes descendus sur les quais de la station avant de marcher jusqu'à la maison de ses parents, devant laquelle nous attendait son amie Aurélie que je rencontrais pour la première fois (Ginger, très heureuse).

 

Il ne restait plus qu'à embarquer tous les trois dans la voiture familiale pour deux bonnes heures de route.

 

Prudemment, j'ai opté pour la place sur la banquette arrière en me disant que si le voyage se poursuivait sur la même note que celle sur laquelle il avait commencé, je pourrais toujours en profiter pour remplir ma jauge de sommeil pour la saison automne-hiver 2013/2014 en toute tranquilité. 

 

Et, bien m'en a pris puisque, là encore, je n'ai pas été excessivement-trop sollicitée pour alimenter la discussion.

 

C'est qu'on a parlé pendant une heure et demi de Sophie et Louis qui venaient de se séparer, étant précisé que Sophie et Louis, à la différence de Johnny Depp et Vanessa Paradis ou de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaouije ne les connais pas (aucune couv' de Gala à leur actif, j'ai vérifié). 

 

Pour autant, Florian n'a pas jugé tellement utile de me raconter qui ils étaient ni comment ils s'étaient rencontrés

 

Il a dû penser que nous étions en voiture et qu'une situation aussi exceptionnelle que celle-là devait justifier une dérogation au vieux principe ringard qui veut que l'on ne parle pas d'un sujet devant quelqu'un sans l'intégrer d'une façon ou d'une autre à la conversation.

 

Après tout, en voiture, les personnes installées sur la banquette avant tournent bien le dos à celles qui occupent la banquette arrière sans être qualifiées de goujats, alors !

 

Mais loin de moi, l'idée de porter un jugement définitif sur qui que ce soit, rassurez-vous. 

  

Au bout, disons, d'une heure de discussion, Florian s'est d'ailleurs soudainement adressé à moi, les yeux droit dans le rétroviseur, pour m'expliquer que :

 

Cette rupture, Ginger, c'est vraiment fou, parce que Sophie et Louis, ça avait l'air tellement sérieux que personne n'aurait pu l'imaginer.

 

Bref, un condensé fidèle du point de vue dont il faisait part à Aurélie depuis l'instant précis où elle lui avait annoncé, une heure plus tôt, la nouvelle de leur rupture toute récente. 

 

Je ne sais plus si j'ai répondu Ah oui, je vois... ou bien Eh ben dis donc..., mais il m'a fallu mobiliser tous mes vestiges de bonne éducation pour paraître aussi décemment intéressée que possible.


La conversation aurait pu être encore un peu distrayante si l'histoire de Sophie et Louis, par son seul dénouement, avait présenté un minimum d'originalité.

 

Je ne dis pas qu'un récit évoquant la découverte, par Sophie, de la préférence de Louis pour sa soeur jumelle (celle de Sophie, mais ça peut marcher aussi avec celle de Louis), m'aurait forcément laissée dans un état de froide indifférence. 

 

Idem pour celui de la terrible et déchirante prise de conscience, par Louis, du fait que Sophie ne lui avait prêté attention que parce qu'elle n'avait personne de mieux sous la main au moment où ils s'étaient rencontrés. 

 

Mais, malheureusement, non, rien de tout cela, juste une séparation bien terne et sans éclat comme il en survient sans doute des milliers à la seconde où vous lisez ces lignes... 

 

J'aurais sans doute entendu parler de Sophie et Louis pendant un long moment encore, si le Ciel ne m'avait pas tendu une main secourable en faisant débarquer Henri, un autre des amis de Florian qui participait au week-end, sur l'aire d'autoroute où nous nous étions arrêtés pour faire le plein, au moment précis où nous nous apprêtions à repartir. 

 

Là, inutile de vous dire que j'ai saisi la balle au bond en lançant avec force conviction, de façon surtout à ne laisser aucun choix à l'intéressé : 

 

Attends, Henri, tu ne vas pas faire le reste du trajet tout seul, je monte avec toi, ce sera beaucoup plus agréable et en plus tu seras sûr de ne pas t'endormir au volant ! 

 

Comme prévu, Henri n'a pas osé dire non et je me suis donc précipitée dans sa voiture.

 

N'allez pas croire quand même que j'étais dans un tel état de détresse psychologique que je me suis imposée dans la voiture de quelqu'un que je n'avais jamais vu auparavant.

 

Henri, j'étais dans le même collège que lui avant que mes parents ne déménagent, et si nous n'étions pas dans la même classe en raison de nos deux ans de différence d'âge, il m'arrivait fréquemment de passer des récréations en sa compagnie et en celle de ses deux autres triplés - plus on est de fous, plus on rit.

 

Après, bien sûr, nos chemins ont quelque peu divergé, mais par un hasard un peu plus ancien que celui qui nous a fait nous retrouver sur l'aire d'autoroute, il se trouve qu'il a, à un moment donné, suivi les mêmes études que mon frère et Florian, ce qui nous a permis de renouer contact. 

 

Comme Henri n'avait pas de GPS, que son Iphone était déchargé et qu'il avait égaré sa batterie - personne n'est parfait - nous nous sommes mis d'accord avec Florian pour que nous le suivions jusqu'à Deauville

 

Sans surprise, il n'a pas fallu plus de dix minutes pour que nous le perdions totalement de vue.

 

Mais il faut comprendre Florian : si vous êtes déjà assez oublieux de vous-même pour consentir à ce que quelqu'un vous suive en voiture, vous n'allez pas en plus lui faciliter la tâche en vous abstenant de rouler trop vite et de laisser une quinzaine de voitures masquant toute visibilité s'insérer entre vous et lui !

 

Résultat des courses, Henri - que j'ai vainement cherché à seconder par mon sens de l'orientation le plus défaillant du monde - et moi, nous sommes quelque peu égarés sur la route.

 

Mais, Dieu merci, après un sympathique crochet par Caen, nous avons fini par arriver à bon port.

 

Et même que, bonne surprise, Florian (à moins que ce soit Aurélie) avait pensé à sortir mes bagages du coffre de sa voiture dans lequel je les avais laissés. 

 

Comme quoi, rien n'est jamais totalement noir en ce bas monde ! 

 

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Et en plus tu as pensé à mon ours en peluche, merci Florian !

5 commentaires:

  1. Les histoires d'a, les histoires d'amour finissent mal : en général ou Les Malheurs de Sophie, ta vie est un roman Ginger.

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  2. C'est quand même suspect de se laisser distancer, de se perdre dans les bocages normands et d'arriver avec tant de retard...

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  3. Florian est parfait, il pense à tout ! Par ailleurs, comme Alphonsine, je trouve le batifolage par les chemins de traverse très suspect.

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  4. Tu as des lectrices d'un mauvais esprit dis-donc ! Bon, personnellement, je te soutiens à 100% dans ta tentative d'échapper à Florian et à sa conversation indigente.

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  5. Elle est en cours, mais c'est émotionnellement assez épuisant de se replonger dans les détails de cette sombre histoire...

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