lundi 28 octobre 2013

La nature est (vraiment) mal faite

 

On dit toujours : la nature est bien faite. 

 

Sur le plan végétal, c'est vrai, même ces horribles orchidées finissent par mourir un jour

 

Et sur le plan corporel - ça compte aussi - on a effectivement des yeux qui nous permettent de voir, des oreilles qui nous permettent d'entendre et des cordes vocales qui nous permettent de parler. 

 

Mais on oublie un peu vite tout ce qui ne va pas à côté. 

 

Je passerai assez rapidement sur l'appendice (vous savez, l'appendice de l'appendicite) dont tout le monde a bien compris qu'il ne servait à rien sauf à s'enflammer un beau jour (en général quand ça tombe mal) et, ainsi, à creuser un peu plus le trou de la sécurité sociale en augmentant au passage la taxation de nos PEL. 

 

J'en viendrai donc directement aux pieds. 

 

Les pieds, certes, c'est utile pour marcher, courir, sauter, loin de moi l'idée de le contester. 

 

Mais si l'on se penche un peu plus au niveau des orteils, on se rend compte que plus rien ne va. 

 

Un petit gros, un grand effilé qui dépasse, deux jumeaux boiteux, un riquiqui enflé, comment peut-on soigneusement empaqueter tout ça sans trop de casse ? 

 

Ca me rappelle ce genre de cadeaux de Noël, à forme non cubique, que vous regrettez d'avoir achetés lorsque vous vous mettez en tête d'essayer de les recouvrir de papier-cadeau...

 

(NB : pour ceux-là et pour ceux-là uniquement, n'hésitez pas à exploiter les petits scouts qui tentent chaque année de vous extorquer des fonds aux caisses des supermarchés, vous serez largement gagnants :

1- vous aurez le plaisir sadique de les voir s'escrimer sur votre paquet pendant 15 bonnes minutes, sous le regard volontairement suspicieux et critique que vous prendrez pour la circonstance;

2- vu comme le paquet sera atrocement moche, vous aurez un bon prétexte pour vous passer les nerfs sur le responsable de cette innommable horreur - Et vous croyez vraiment que je vais pouvoir offrir ça ?! - et refuser de payer, voire demander à être indemnisé). 

 

Les orteils, c'est la même chose : tout simplement impaquetable. 

 

Et pourtant, hormis des tongs pas vraiment idéales à porter hors des Maldives (sauf intérêt particulier pour une culture locale de type mycosale sous voûte plantaire), vous êtes obligé de les couvrir une bonne partie de l'année. 

 

Or, comme vous ne trouvez jamais des chaussures parfaitement adaptées à leur forme incroyablement irrégulière et bizarroïdale, jour après jour, paire après paire, vous les bousculez, vous les compressez, vous les ratatinez, bref vous les martyrisez. 

 

Vos pieds de bébé sont déjà un lointain souvenir et vous redoutez le jour où, ôtant votre chaussure droite (ou gauche) après une longue journée à courir en tous sens, vous serez assailli par la vision cauchemardesque d'un éventail rougeâtre et racorni, comptant plus d'excroissances que le nombre théorique d'orteils dont la Science a admis que vous disposiez. 

 

Vous avez beau vous rassurer en vous disant que dans quelques centaines de milliers d'années, tout ça ne sera plus qu'un vieux souvenir et que nous serons alors tous égaux en fait de beauté des pieds, c'est dur. 

 

Et, en l'occurrence, c'est dame-nature-la-terrible qui est dure. 

 

Il lui suffisait de pas grand chose pour nous faire naître avec des chaussures sur-mesure, extensibles à la vitesse de nos doigts de pieds, qui nous auraient permis de conserver nos orteils presque aussi souples qu'à l'origine. 

 

Mais non, elle a préféré investir tout le budget R&D dans les ongles, tout ça pour que les fabricants de vernis à ongle ne viennent pas grossir les rangs du chômage. 

 

J'aime beaucoup me peinturlurer les ongles de toutes les couleurs, mais je dois bien reconnaître que je ne suis pas sûre que ce choix ait été particulièrement judicieux... 

 

Pied.gif  

Souhaitons au moins que la prochaine étape de l'évolution soit pour bientôt.

jeudi 24 octobre 2013

Vertes nouvelles

 

Il y a quelques jours, je pensais vous annoncer le scoop du siècle, à savoir que mon ficus et moi, nous nous étions séparés, mais c'était sans compter sur le dernier article d'Albane qui m'a lâchement coupé l'herbe sous les pieds en dévoilant en avant-première la nouvelle au monde entier...

 

C'est comme ça, vous invitez un blogueur à apporter un cake salé chez vous, et tout ce qu'il trouve à faire, c'est de vous saper une à une vos plus brillantes idées d'articles...

 

On parle souvent de la "grande famille des blogueurs", mais je crois qu'il est temps d'arrêter ces charmantes petites démonstration d'hypocrisie qui ne trompent personne.

 

Au risque de briser vos rêves d'un monde virtuel idéal, non, ça n'est pas vrai, derrière les sourires et les compliments de façade (tiens, tu sais, j'ai bien aimé ton dernier article sur …), se cache en réalité la même sourde haine que celle que vous ressentez à la caisse de votre supermarché quand vous constatez que la mamie devant a réussi à trouver le seul article sans code-barre du magasin.

 

Mais ne nous égarons pas, de toutes façons il faudrait consacrer au bas mot au moins 394.235.745 caractères (espaces non compris) à ce sujet pour arriver ne serait-ce qu'à en évoquer les principaux aspects.

 

Bref, revenons à l'essentiel : mon ficus.

 

Vous l'aurez compris, il ne vit plus avec moi.

 

Vous dire qu'il aurait quitté mon studio de son plein gré, parce qu'il en avait assez de moi (ou peut-être de la vie à Paris, l'exiguïté des logements, les transports, la pollution, toussa...), ne serait pas franchement exact (on retombe toujours sur cette éternelle histoire de jambes et de bras qui font défaut).

 

Mais alors, que s'est-il réellement passé ?

 

Eh bien, je dirais sobrement que mon ficus m'a été "retiré".

 

Tout c'est fait très vite.

 

Je suis rentrée de vacances fin août dernier, mon ficus n'avait visiblement pas profité à plein de la période.

 

Il est en effet vite apparu à mon oeil expert qu'il n'avait toujours pas atteint la hauteur de ma commode Ikéa, stagnant désespérément au niveau du deuxième tiroir, que la proportion de feuilles jaunies parmi son ramage quelque peu déplumé avait, disons, doublé, et que, globalement, il n'avait pas l'air si épanoui que ça.

 

Rapidement, je suis arrivée à un diagnostic irréfutable : il faut rempoter mon ficus, une fois que ce sera réalisé, tout rentrera dans l'ordre, il sera heureux, je serai heureuse et nous serons heureux.

 

Eh oui, deux ans à être coincé dans le même pot étriqué, c'est normal qu'une plante indépendante et libre comme lui n'y trouve pas son compte.

 

J'ai regardé mon ficus de l'air un peu fier d'une mère qui a pleinement compris son enfant alors qu'il ne parle pas encore (ça ne s'explique pas ces choses là), et puis, ni une ni deux, je l'ai installé dans le panier à pique nique que m'a donné maman, l'été dernier, pour transporter mon saucisson, mon pot de 250g de tarama et ma baguette, quand j'allais squatter la pelouse des Invalides en compagnie d'autres zonards de ma connaissance, je lui ai fait découvrir le bus (½ heure), le train (1h15) et le tramway (10 minutes) et puis nous sommes arrivés chez mes parents, là où il y a un balcon qui ressemble un peu à l'annexe de Jardiland en période de présoldes.

 

Sans perdre plus de temps – il en allait quand même du bien-être de mon ficus – j'ai fait part à maman de mon diagnostic : il faut rempoter mon ficus.

 

Et comme tout médecin qui se respecte, maman a commencé par prendre ses distances avec mon analyse.

 

Adoptant un ton pas si éloigné de celui de la responsable de la Dass qui vous a convoqué parce que votre enfant a fait un dessin de bonhomme à qui il manque deux bras, un pied et la tête, et qui se permet de vous donner des conseils d'éducation, elle m'a indiqué fermement :

 

"Avant toute chose, Ginger, tu enlèves ces feuilles desséchées et tu coupes les branches mortes ; c'est étonnant que tu n'y aies pas pensé toute seule".

 

J'ai bien pensé répondre que Ah bah non, désolée, je n'ai pas fait Polytechnique plante option ficus, mais, là encore, j'ai pensé au bien-être de mon ficus et je me suis exécutée.

 

C'est vrai que deux minutes plus tard, il avait déjà une nettement meilleure allure, mon ficus, avec tout ce jaunasse en moins.

 

Après seulement, nous avons entrepris l'opération rempotage.

 

On a pris un beau pot tout neuf, on a mis des bouts de pots cassés au fond (il paraît que ça aide les plantes de pousser au-dessus de bouts de pots cassés), on l'a rempli de belle terre, on a replanté mon ficus et on est allées l'arroser.

 

Et là, qu'ai-je vu ?

 

Maman déverser à peu près un demi litre d'eau à la racine de mon ficus.

 

Un demi litre, je pense que c'est à peu près le triple de la quantité d'eau dont je l'arrosais semestriellement.

 

C'est à ce moment là que j'ai réalisé que mon ficus avait été maintenu, par mes soins, dans un état de sous-alimentation continu, deux ans durant, souffrant en silence dans l'incompréhension générale (surtout la mienne), attendant sans doute patiemment une mort végétale qui tardait à arriver...

 

Mais que voulez-vous, lorsque je l'ai acheté, mon ficus, je revois encore la fleuriste me dire :

 

"Pour l'entretien, il faut veiller à ce que la terre soit toujours bien humide".

 

Alors je lui ai régulièrement versé deux - trois gouttes d'eau, et comme ça la terre a été toujours bien humide.

 

En surface en tout cas.

 

Oui mais, apparemment, ça ne voulait pas dire ça.

 

Plutôt que des TP de physique auxquels je n'ai jamais rien compris, voire qui ont nui à la qualité de mon développement cérébral et affectif, il aurait infiniment mieux valu que je suive des TP arrosage de plantes (et pourquoi pas d'ailleurs, aussi, des TP identification de l'arrivée d'eau, mais c'est un autre débat).

 

Toujours est-il que je me suis confessée de cette insuffisance auprès de maman qui a dû énormément prendre sur elle, j'imagine, pour ne pas paraître trop choquée par cette révélation.

 

Cela doit toujours faire bizarre à une mère de découvrir qu'elle a un enfant qui se comporte comme un monstre à l'égard de ses rejetons...

 

Mais si elle n'a rien dit, j'ai bien vu que maman avait saisi la pleine mesure de mon attitude quand elle m'a dit :

 

"Laisse-moi ta plante quelques semaines, il vaut mieux que tu ne la transportes pas à nouveau tout de suite, je vais continuer à prendre soin d'elle et lorsqu'elle sera un peu plus forte, tu la remporteras".

 

Résultat : mon ficus est resté en pension chez mes parents, et moi je suis rentrée seule à Paris avec tout le poids de ma culpabilité dans mon sac à pique-nique vide.

 

Et comment se porte mon ficus, désormais ?

 

Oh, très bien, il se développe de jour en jour, respire le bonheur et la joie de vivre, et se couvre de tout un tas de petites pousses vertes qui nous laissent présager une multitude d'heureux évènements pour le printemps prochain.

 

Je n'ai pas encore osé parler à mon ficus du jour où il faudra qu'il quitte mes parents pour revenir vivre avec moi à Paris.

 

J'ai peur que ce soit un peu dur pour lui, vu les moments désertiques qu'il y a traversés.

 

Il ne me reste donc plus qu'à espérer qu'il développe un bon syndrôme de Stockholm à mon égard...

 

La situation est loin d'être simple, vous le voyez.

 

Pour se quitter sur une note positive malgré tout, je vous ai quand même gardé une bonne nouvelle végétale pour la fin : ça y est, mon orchidée est morte !

 

C'est l'amie à qui je l'avais confiée pendant les vacances qui l'a visiblement mille fois trop arrosée, ce qui fait que les racines étaient toutes pourries quand je l'ai récupérée.

 

Quand je pense qu'avec moi, vu la quantité d'eau que je lui versais, elle aurait pu encore me narguer pendant des milliers d'années, je me dis que, quand même, la vie est (parfois) bien faite !

 

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lundi 14 octobre 2013

Ardèche : Un chasseur tue son fils accidentellement en le prenant pour un sanglier

Qu'est-ce que c'est que ce billet ? 

 

Elle boit quoi en ce moment la Ginger ? 

 

Elle débloque grave, non ?!

 

Elle est quand même bien consciente du fait que tout le monde s'en fiche de ces histoires de chasseurs ardéchois qui tuent accidentellement leur gamin après avoir ingéré - non accidentellement, cette fois - leur litron de gros rouge au cours de la pause saucissonnades/rillettes de 10h (ok, ce détail ne figurait pas dans les reportages, mais soyons lucides) ?!!

 

C'est pas la première fois que ça arrive, ce sera pas la dernière non plus...

 

Oui, rassurez-vous, je sais tout ça.

 

En fait, je n'ai aucunement l'intention de discuter d'un sujet aussi bateau, qui tourne quasiment en boucle au journal télévisé de Jean-Pierre Pernault.

 

Non, tout ce que je veux c'est rebondir sur l'un des points soulevés par l'excellent article publié sur le sujet dans ce journal prestigieux et sans concession que l'on nomme 20 minutes (notez qu'on aurait pu tout aussi bien l'appeler 1/3 d'heure), et plus précisément sur la réaction de l'Aspas

 

Comment-ça vous ne connaissez pas l'Aspas ?

 

Bon, eh bien lisez :

 

« "Ce nouveau drame vient s'inscrire dans une liste d'accidents déjà bien trop longue", a dit dans un communiqué l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), déplorant aussi la mort, mercredi, d'un garçonnet après un accident de chasse près d'Amiens ». 

 

"animaux sauvages" / "garçonnet"

 

C'est moi ou il y a quelque chose qui ne va pas ?

 

L'Aspas a-t-elle fini par oublier sa raison d'être au point d'en venir à défendre des rejetons humains quand son objet ne tend qu'à la protection des bestiaux des forêts ? 

 

Ou bien l'Aspas est-elle constituée de gens très équilibrés, en parfaite possession de leurs moyens, qui assimilent tout naturellement les enfants aux animaux sauvages ? 

 

La question reste entière...

 

Mais en tout cas, une chose est sûre, l'Aspas a drôlement tendance à se mélanger les pieds dans le tapis.

 

Et c'est quelque chose qui me désole quand je pense qu'elle pourrait se montrer très utile dans le décollage de chewing-gums sous les tables de classe de collèges ou dans l'organisation de sit-in devant l'entrée du Bon Marché pour protester contre la vie chère. 

 

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L'essentiel dans la vie : ne pas se tromper de combat.  

jeudi 10 octobre 2013

Back to the seventies

 

Non, je n'ai pas encore inventé la machine qui nous permettra de remonter jusqu'à ces années chéries où la France s'affichait en gros motifs orange-maronnasses, où elle se balançait au rythme de l'Avvvvvvvvvvvvventura,  c'est la vie que je mène avec toiiiiiii, et où le fin du fin consistait à partir à Petaouchnok élever des moutons avec d'autres idéalistes marxistes désireux eux aussi de bâtir un monde meilleur où l'on vivrait tous nus et épanouis (au passage, merci les gars, vous nous avez bien aidés).

 

C'est dommage, sans doute, parce qu'alors j'aurais pu réaliser au moins l'un de mes deux rêves - voir même les deux : devenir groupie de Cloclo (ou à la rigueur claudette) et me marier avec Joe Dassin (ou Michel Berger, pour le coup ça m'est égal).

 

Je me console en me disant que cela viendra peut-être un jour, qu'il y a peut-être en ce moment un type qui est en train de glisser sur la cuvette de ses toilettes et qui, en se cognant la tête, va avoir une révélation du genre convecteur spatio-temporel.

 

Une chance sur un milliard, oui, mais bon, mais après tout c'est déjà arrivé au moins dans un film, alors...

 

Et puis, au pire, je me dis que je pourrai toujours rejoindre le fan club de feu Claude François (moyenne d'âge des groupies : 53 ans, permanente blonde fadasse et mascara bleu électrique de rigueur) et épouser un homonyme de Joe Dassin (ou, si ça ne se trouve pas, acheter un poisson rouge et l'appeler Joe Dassin, je vivrai au moins avec lui comme ça).

 

Mais bon, comme je suis un peu stoïcienne dans l'âme, je me suis dit qu'en attendant de me résoudre à ces seconds choix, je pouvais toujours investir dans une pièce de vêtement de l'ère pompidolienne.

 

C'est une façon comme une autre de renouer avec cette période et ça tombe très bien puisque maman m'a annoncé le week-end dernier :

 

« Ginger, j'ai repéré une brocante vintage, tu viens, on y va ! »

 

Une brocante vintage, des sets de table à grosses fleurs en crochet, des cendriers sur pied orange, des tabourets tam tam, des seaux à glaçons en forme de pomme vert délavé, mon sang n'a fait qu'un tour, j'ai saisi mon carnet de chèques et j'ai répondu à maman :

 

« COURS MAMAN, ON VA RATER LE PROCHAIN BUS !!! »

 

Et, effectivement, on a raté le prochain bus, mais heureusement, au cours des cinq minutes que cela nous a fait perdre, personne n'avait encore eu la bonne idée d'acheter mon imperméable seventies.

 

Tissu incroyable, coupe magique, couleur parfaite, il ne pouvait aller qu'à moi, et c'est d'ailleurs sans doute pour cela qu'il a attendu si longtemps – une petite quarantaine d'années quand on y pense – avant d'être porté.

 

Si vous croisez une fille anachronique dans la rue, mais quand même super bien habillée, vous saurez maintenant que vous avez eu la chance incommensurable d'approcher Ginger herself !

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Ca ne vous donne pas envie de vous remettre à fumer, vous ?

lundi 7 octobre 2013

L'angoisse de la table vide

 

Une table, lorsque le couvert n'est pas dressé, c'est angoissant. 

 

C'est nu, c'est vide, c'est suspect. 

 

Pourquoi n'est-elle pas utilisée ? Parce que ce n'est pas l'heure de manger ou parce que toutes les personnes susceptibles de s'y installer ont péri dans un terrible accident / des suites d'une atroce maladie ? 

 

 

Pour ne laisser aucune prise à un horrible doute, une seule solution : occuper la place en permanence. 

 

Peut-être pas toute la place - ça deviendrait gênant chaque fois qu'il s'agirait de mettre le couvert, ce qui arrive quand même la bagatelle de trois fois par jour – mais au moins une partie de la place. 

 

 

Eh, tiens, pourquoi pas le bout de la table ? 

 

C'est ça, posons là des fleurs, des fruits, allez une radio, tiens, le calendrier de la poste, ça remplira toujours, et hop encore des fleurs. 

 

Et puis, comme ça, cette bonne vieille angoisse de la table vide, vous vous en êtes définitivement débarrassé.

 

Vous êtes heureux, libéré de tout souci, planant dans une délicieuse sérénité.


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Table1-copie-1

 

 A la ville comme à la montagne, l'angoisse de la table vide est une névrose qui n'a pas droit de cité dans la famille de Ginger. 

jeudi 3 octobre 2013

Maîtriser son image

 

S'il y a bien une chose dans la vie de compliqué à maîtriser, en dehors d'un rottweiler amnésique, c'est son image. 

 

Bien souvent, sans avoir rien fait pour cela, les gens qui me croisent pour la première fois pensent que je suis très douce, très compréhensive, très gentille. 

 

J'ai parfois même l'impression que, parmi eux, certains me regardent un peu comme si j'étais un ange égaré du paradis qui chercherait patiemment la porte magique par laquelle y revenir. 

 

Je ne me fais pas d'illusion, tout cela est uniquement dû à mes cheveux blonds (les anges ont toujours les cheveux blonds). 

 

D'ailleurs, s'il vous est déjà arrivé de parcourir quelques article de ce blog, vous aurez compris que je suis à peu près tout le contraire : autoritaire, directive, impatiente, malveillante et j'en passe... 

 

Evidemment, les gens qui me croisent à plusieurs reprises finissent par s'en rendre vaguement compte. 

 

Le mari de mon amie Cora - blonde comme moi - nous avait comme ça un beau jour déclaré qu'à la faculté, nous devions passer l'une et l'autre pour des filles très parfaites et comme il faut - sous-entendu, que nous n'étions quand même pas tout à fait - avant d'ajouter : surtout Ginger...

 

Mais au-delà de cette tromperie de fond sur ma personne, il m'arrive, de temps en temps, de ne pas réaliser parfaitement l'image que je renvoie.

 

La dernière en date ? 

 

Eh bien elle est justement liée à Cora, cette amie qui, vous vous en souvenez peut-être, avait attendu l'avant-veille d'une virée à Bruges programmée depuis 3 mois pour se décommander en alléguant sa grossesse de 4 mois dont elle avait omis de me faire part jusqu'alors (manque de temps sans doute). 

 

Depuis, quelques mois ont passé, le petit Louis est né, et Cora et son mari m'ont conviée, ainsi qu'Emma, l'autre amie avec laquelle nous devions nous rendre à Bruges, ainsi que Philippe, sa récente conquête Meetic, à venir faire la connaissance du baby et accessoirement profiter du barbecue. 

 

Nous avons admiré le petit Louis - sans même avoir besoin de trop nous forcer vu comme il est mignon - puis nous l'avons assez vite laissé dormir (le barbecue ne le tentait visiblement pas plus que ça), et nous avons discuté comme de vrais adultes. 

 

Nous avons discuté de tout, de rien, des voisins qui font un boucan monstrueux et des différentes façons de les inviter à davantage de discrétion (coups de téléphone, coups dans le mur, déchets dans le jardin), des accusations fantaisistes de harcèlement moral au travail (s'en prendre gratuitement au physique de son employé n'est pas harceler, c'est juste l'inviter à davantage de lucidité), du coin totalement perdu de Haute Savoie où Philippe et moi avons découvert que nous passions chacun régulièrement des vacances (mais pas ensemble), des différentes façons d'envisager un séjour de ski (sportive, alcoolique, fromagère)... 

 

Bref, une très bonne soirée au cours de laquelle nous avons soigneusement évité d'évoquer les sujets qui fâchent, tels le formalisme kantien, le nouveau seuil de la dette publique, ou encore le championnat du monde handisport de natation. 

 

Bien sûr, j'ai envoyé le lendemain un bref message à Cora pour la remercier et, quelques jours plus tard, elle m'a répondu en retour : 

 

"Ca nous a fait bien plaisir de te voir aussi, comme d'habitude ! Tu me fais trop rire ! J'espère à très vite, je t'embrasse".

 

Je dois avouer que j'ai quelque peu buté sur le "Tu me fais trop rire !".

 

N'ayant ni le souvenir d'avoir passé mon temps à amuser la galerie (je n'ai même pas sorti la blague de la Portugaise qui guide son mari pour garer la voiture), ni celui de m'être méchamment ridiculisée au cours la soirée (je ne me suis pas pris les pieds dans le barbecue en cherchant à attraper des coccinelles), aucune explication logique ne m'est venue à l'esprit. 

 

Pragmatique, j'en suis restée au fait que Cora avait plutôt eu l'air de bien apprécier ma compagnie puisqu'elle allait jusqu'à émettre le souhait que l'on se revoie "très vite"...

 

...et que, pour le reste, on est parfois surpris du décalage entre la façon dont on se voit et l'impression que l'on fait aux gens...

 

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Vous, tel que vous vous voyez.                Vous, tel que les autres vous voient.