lundi 19 mai 2014

Oser la confiance



Oui, je sais, il n'y a pas si longtemps je publiais un article intitulé "Apprendre à se faire confiance" dans lequel, je racontais que mieux valait ne jamais croire personne.

 
Aujourd'hui, je publie un nouvel article dans lequel j'affirme au contraire qu'il est important de faire confiance aux autres.
 
Ne me dites pas que c'est un peu contradictoire, je le sais déjà.
 
En fait, affirmer quelque chose puis son contraire ne me gêne absolument pas, je dirais même que cela fait un peu partie de la richesse de mon caractère qui sait saisir à travers n'importe quel élément anodin toute une infinité de nuances qui échappent en règle générale à la plupart des gens.
 
Il est normal pour moi de trouver que, vu de 5e étage, l'abribus en bas de mon immeuble est ridiculement petit (un abribus pour Polly Pocket).
 
Et il est tout aussi normal pour moi de le trouver d'une taille tout à fait respectable lorsque je descends mes 5 étages et que je vais y attendre le bus (un abribus à taille humaine pour le coup).
 
Quand je dis dans une même phrase, sans autre précision, que l'abribus est vraiment, vraiment petit mais qu'il est quand même d'une taille très correcte quand on y pense, certes, objecticvement, quelque part, je me contredis.
 
Mais je reste pourtant dans le juste.
 
Et c'est la tout l'essentiel à mes yeux.
 
Bref, ne nous égarons pas davantage...
 
Pour revenir à la confiance, je me suis rendue vendredi au Tribunal d'instance du XVe arrondissement afin d'y faire établir une procuration en vue des Européennes (je suis toujours là pour les grands enjeux).
 
Comme papa avait déjà reçu procuration de mon frère, j'avais choisi de me décharger de ma responsabilité citoyenne sur maman (Dieu merci, nous ne sommes pas dix enfants dans la famille).
 
Après avoir tenté de joindre à peu près tous mes ascendants et collatéraux, dans l'espoir que l'un d'eux me confirmerait le deuxième prénom de maman et son absence de troisième prénom (mais comment peut-on vivre sans troisième prénom ?!!), je suis allée, une fois cette information en poche, remplir avec tout le sérieux et la dignité qui s'imposaient mon formulaire CERFA n° 14952*01.
 
A côté de moi, il y avait une dame d'approximativement 70 ans qui se renseignait sur la procédure à suivre.
 
Vous noterez que quand on est retraité, on a vraiment du temps à perdre pour préférer se déplacer et faire la queue dans un tribunal d'instance d'arrondissement plutôt que de téléphoner ou consulter la fiche pratique dédiée sur le site service-public.fr...
 
Comme j'arrive a faire plusieurs choses à la fois - parce que je suis très forte - j'ai écouté, tout en cochant au hasard des cases dont je ne comprenais pas le sens (ça m'a rappelé la JAPD que je n'ai jamais faite), la conversation qui s'engageait entre la dame et le monsieur de l'accueil. 
 
- Et donc il suffit d'une carte d'identité ?
 
- Tout à fait Madame.
 
- Et je peux donc désigner mon fils pour voter à ma place.
 
- Oui, à condition qu'il soit inscrit sur les mêmes listes électorales que vous.
 
- Alors c'est bon, il est à Paris comme moi. Par contre, je peux indiquer sur la procuration pour qui il doit voter ? Parce que comment est-ce que je peux être sûre que mon fils votera bien pour le candidat que je veux ?
 
Il y a eu une pause d'une demi seconde dans la conversation.
 
Le monsieur de l'accueil a fait de grands yeux étonnés.
 
Moi je n'ai pu m'empêcher de relever la tête un court instant avec un grand sourire incrédule qui signifiait un peu Mais merci Madame de m'offrir comme ça le sujet de mon prochain billet !, et puis je me suis vite vite replongée dans mon formulaire CERFA n° 14952*01, en m'efforçant de dissimuler la bonne humeur que n'avait pas manqué de causer chez moi sa remarque pour ne pas risquer de la mettre mal à l'aise si jamais elle réalisait de quel désaveu filial elle venait ainsi de gratifier l'assistance.
 
- Ah ça, Madame, quand on fait une procuration, on est obligé de faire confiance, lui a répondu le monsieur de l'accueil.
 
Faire confiance, c'est beau.
 
Mais à son propre fils, ça n'est pas toujours évident...
 
Il est temps d'avoir la simplicité de l'admettre en public !

Le remplissage du formulaire CERFA n° 14952*01,
une épreuve dans sa vie citoyenne.

7 commentaires:

  1. La confiance règne... En lisant ton billet, j'imaginais très très bien ton sourire incrédule devant une suggestion de sujet à portée de main ;-)

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  2. Hi hi hi, ton esprit acéré et taquin sait merveilleusement bien débusquer des petites perles du quotidien ! Je trouve la réponse du monsieur de l’accueil très appropriée.

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  3. C'était peut-être la mère de Xavier Dupont de Ligonnès.

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  4. Génération précarité21 mai 2014 à 05:46

    Forcément, si on ne laisse même pas leur chance aux jeunes...

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  5. Voter comme ses ascendants ou ses descendants, par procuration ou dans un isoloir, mais voter.

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  6. Cette dame craignait sans doute que son fils ne découvre qu'elle vote pour le Parti Communiste depuis quarante ans, et, en remontant l'histoire de fil en anguille, qu'il se rende compte qu'elle fut jadis une ex-espionne soviétique.

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  7. Ah, ah, aurais-tu des talents de divination ma chère Galéa ? Il faut que tu t'occupes de l'horoscope 2015, il sera plus sûr que celui du télé 7 jours de cette année ! Félicitations transmises à qui de droit...

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