vendredi 2 janvier 2015

Blanche de Castille, l'ennemie de mes nuits


Croyez-le ou pas, mon cerveau est parfois nostalgique de l'époque où je passais des examens. 

Vous savez, cette période bénie où, les mains moites, la gorge sèche et la tête farcie de connaissances instables et parcellaires ingérées entre 3 et 4 jours plus tôt, vous alliez vous caler dans le coin de l'amphi que l'on vous avait autoritairement assigné (pas forcément à côté du radiateur ni même de la sortie), prêt à entamer un petit tête-à-tête de quelques heures avec une copie grisâtre anonymisée, avec pour seul réconfort votre barre de KitKat et la perspective de pouvoir tout oublier le soir même. 

A subir un certain nombre de fois ce type de réjouissances, le cerveau doit finir par se détraquer.

Le mien en tout cas. 

De temps en temps, frustré de ne plus se trouver dans les circonstances propres à faire renaître ces douces émotions, il s'attache à les ressusciter artificiellement dans mon esprit. 

Comment fait-il ? 

Eh bien, en diabolique qu'il est, il attend tranquillement que je m'endorme, et quand il sent que mon sommeil est bien bien profond, il commence à me balancer toutes les informations nécessaires pour reconstituer dans mon sommeil l'heureux état d'esprit dans lequel me mettaient les examens. 

Mais attention, comme il est vraiment vicieux, il s'arrange à chaque fois pour que ce soit en pire

En pire, parce que dans la vraie vie, je me suis toujours installée devant ma copie avec le minimum de connaissances requises pour échapper à une humiliation absolue.

Je ne ferai pas de fausse modestie : les appréciations du style « N'a pas compris l'intitulé du sujet » ou encore « S'est trompé de matière », sont toujours restées, c'est vrai, une virtualité pour moi. 

C'est d'ailleurs pour ça que mon cerveau doit trouver drôle de me faire goûter en rêve à ce genre de situation d'un tragique raffiné...

Et pour cela, il n'hésite pas à utiliser un de ces hauts noms que l'Histoire nous a légué, tout en grâce et en élégance : Blanche de Castille.  

Blanche de Castille ? vous interrogez-vous.

Oui, parfaitement, chers lecteurs, Blanche de Castille herself.

Régulièrement, je m'endors, et voilà que tout à coup, Dieu sait comment, je me retrouve lâchée deux heures avant un partiel d'histoire, un polycopié de 1.000 pages fourmillant de détails microscopiques rédigés en police 8, entre les mains, entièrement consacré à la vie et à l'oeuvre de la susdite.

Bien sûr, à ce moment là, j'ai beau dormir, je suis prise comme d'un léger vent de panique.

Rien que du très normal : je ne connais absolument rien au sujet (mis à part le fait qu'il s'agit d'une femme vaguement liée avec la Royauté et qu'elle a quelques rues et établissements scolaires à son nom) et, pour pimenter un peu le tout, l'examen que je m'apprête à passer s'avère être d'une importance capitale pour ma vie, ma survie, et même mon salut (ne me demandez pas pourquoi, je le sais, c'est tout). 

Je me mets alors à feuilleter compulsivement mon polycopié en espérant (de façon totalement illusoire) en intégrer par-ci, par-là, quelques bribes, tout en me maudissant intérieurement d'avoir été assez folle pour me présenter à un partiel capital sans avoir rien appris de mon cours. 

Et bien sûr, comme le contenu de ce fameux polycopié est bien plus complexe qu'un Biba ou qu'un Cosmopolitan (sans vouloir cracher sur ce genre de presse dont j'apprécie hautement la lecture chez mon dentiste), tout glisse dans ma tête sans laisser la moindre trace, redoublant, s'il est possible, mon état d'angoisse...

Et puis vient heureusement le doux moment où je sors de ce cauchemar et où je réalise enfin que ma vie n'est pas suspendue à un examen sur la terrible Blanche de Castille !

Que Blanche de Castille peut bien être la nièce ou la cousine de Jean sans Terre, ça ne modifiera strictement rien à mon existence.

Et que même si j'ignore qu'elle est la mère de Louis IX, le soleil continuera à se lever demain matin comme avant. 

Bien sûr, tout ça, je le sais, mais je sais aussi que la prochaine fois que mon cerveau aura décidé de me rejouer l'épisode du partiel surprise sur Blanche de Castille, je retomberai de la même façon dans mes angoisses sans même me rendre compte que j'ai déjà vécu cette mauvaise blague...

Mais, Dieu merci, je crois que j'ai trouvé la parade !

A défaut de pouvoir contrôler mon cerveau, je vais apprendre par coeur la biographie détaillée de Blanche de Castille.

Comme ça, la prochaine fois que je me retrouverai plongée dans ce mauvais rêve, au lieu de m'affoler, de m'agiter en tous sens, de pleurer et de me ronger les ongles jusqu'au sang, j'aborderai avec sérénité cet examen imaginaire... 

... et, qui sait, peut-être même que je majorerai ! 

Y'a plus qu'à... 

7 commentaires:

  1. C'est drôle cette idée de rêver d'examen. J'en ai rêvé à l'époque où j'en passais, mais rarement, et depuis plus jamais, même lorsque mes enfants ont été mis devant leur feuille blanche. Et actuellement, il n'y a pas plus détendue que moi, même pour l'examen de lundi : je n'ai pas du tout le sentiment de dominer le sujet. Il ne reste plus que deux jours, avec des courses, du ménage et un trajet de retour au programme !
    Quand même, ça fait flipper ton poly de 2000 pages. Est-ce que la reliure tient bien ?

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    1. La reliure tient, mais il faut dire que je ne l'ai pas encore beaucoup ouvert pour l'instant !
      Alors, cet examen ? J'espère que tout c'est passé au mieux...

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  2. Peut-être qu'une prière à Saint-Louis dans votre sommeil...

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    1. Je crois que je n'ai jamais prié dans mon sommeil, j'ai des rêves bien trop tourmentés pour ça... Mais peut-être que ça marcherait si je le priais AVANT mon sommeil !

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  3. C'est horrible ce truc. Je rêve régulièrement que j'ai examen de maths dans deux heures, et rien révisé bien-sûr.

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  4. Examen, mise en examen... La métaphore ?

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