lundi 9 février 2015

Politique épistolaire

Il fut toute une période où j'envoyais des cartes postales aux gens qui m'étaient chers.

Je devrais dire des cartes postales d'une banalité consternante aux gens qui m'étaient chers.


Cher(e) X,

Une pensée depuis S*****, charmant petit village savoyard, où je passe un excellent séjour (comme si on allait avouer que non, pas du tout). Le soleil est pour l'instant de la partie (en général, il neige depuis des heures) et je retrouve avec plaisir les joies du ski (alors que le brouillard, en fait, on aime modérément)... sans oublier, bien sûr, celles de la tartiflette (seul truc vrai de la carte) !

A très vite à P**** (pure formule de style),

Je t'embrasse,

Ginger
avec au dos : 


Et puis il fut une période où j'ai cessé. 

Peut-être parce qu'après avoir envoyé, depuis le début de ma vie, une bonne centaine de cartes postales d'une banalité consternante, je m'étais moi-même lassée de l'exercice...

Et puis, quelques années plus tard, il y eut maintenant.

Maintenant, quand je pars en vacances, je vais dans la maison de la presse locale (celle qui vend des sets de table avec des genêts dessus et des marque-pages plastifiés qui t'expliquent que ton prénom fait de toi quelqu'un d'exigeant mais de fidèle), je choisis dix cartes postales parmi les plus moches et je rédige un commentaire de ce style : 

Cher(e) X,

Connaissant ton haut degré de développement métaphysique et ton amour immodéré pour les félins de tout poil (personne n'est parfait), nul doute que tu sauras comprendre et apprécier le message transcendantal délivré par cette carte !

Evidemment, c'est assez difficile d'ajouter quoi que ce soit qui, à côté, ne passe pas pour quelque chose d'une banalité consternante (un peu comme si Nabilla décidait de raconter sa sortie au supermarché du coin après une conférence sur Nietzche), alors je préfère m'arrêter là !

Sur ce, à très vite à P**** (on garde quand même la formule de style, pour le style),

Je t'embrasse,

Ginger
avec au dos : 


C'est vrai, je ne raconte pas grand chose de mon séjour de ski avec une telle carte... 

Mais au moins, tout le monde comprend l'idée ! 

6 commentaires:

  1. La carte est-elle suffisamment grande pour y mettre le texte (plus du double du précédent quand même !) ?

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    1. C'est une technique à prendre, il faut s'entraîner pendant l'année à écrire en pattes de mouche... On a beau dire, ça se travaille une carte postale !

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  2. Je connais une fille qui écrit d'extraordinaires banalités d'une qualité incomparable.

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    1. Sur tout un blog, c'est quand même assez ambitieux... ! Choipeau à elle !!

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  3. C'est nouveau ça, les remontées mécaniques pour chat, je ne connaissais pas.

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    1. C'est un truc dernier cri, très prisé des chachats (on trouve aussi quelques chienchiens). C'est une station pilote pour tout dire.

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